Le syndicat fournit de la chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire) à l’équivalent de 54 000 logements, répartis entre habitat collectif et bâtiments publics : écoles, gymnases, bureaux… Historiquement centré sur les villes de Saint-Denis et de La Courneuve, le réseau du SMIREC couvre aujourd’hui un large territoire englobant les communes de Stains, Pierrefitte-sur-Seine, l’Île-Saint-Denis et Aubervilliers. Ceci représente 90 km de canalisations et 640 points de livraison – ou sous-stations.
Sur quel territoire le SMIREC exerce-t’il sa mission de service public du chauffage urbain ?
Quels sont les engagements du syndicat en faveur de la transition énergétique ?
Notre territoire se distingue par une forte proportion d’habitants de milieux populaires, voire pauvres. C’est une donnée à laquelle on ne peut se soustraire. C’est pourquoi le SMIREC est engagé dans une double stratégie de chauffage solidaire et durable. Ceci nous oblige à poursuivre conjointement deux objectifs pas toujours faciles à conjuguer : d’une part l’engagement de produire une énergie financièrement accessible pour tous, d’autre part celui de développer les énergies renouvelables pour contribuer à la lutte contre le changement climatique. L’équation n’est pas des plus simples, le coût de création des unités de production des Energies Renouvelables (EnR) restant supérieur à celui des énergies fossiles – avec de plus une baisse du prix du gaz ces dernières années accentuée par la crise sanitaire au plan mondial diminuant la compétitivité des EnR.
Quelle place occupent actuellement les énergies renouvelables dans l’alimentation du réseau ?
Les EnR représentaient, fin 2019, 56,6% de notre mix énergétique. Deux sources d’énergie renouvelables sont utilisées : la géothermie et le bois de proximité, issu du bois d’entretien des grandes forêts du Nord de l’Île-de-France. Notre objectif est clairement de réduire, au gré de nos investissements, la part des énergies fossiles. Nous sommes engagés sur un objectif à moyen terme de 60% d’énergies renouvelables.
Quel est le projet financé par un prêt de La Banque Postale ?
Il s’agit d’un important programme d’investissement scindé en deux phases successives. La première phase, actuellement en cours, consiste en une extension de notre réseau de canalisations vers le Sud d'une longueur de 9 km environ, en direction d’Aubervilliers. Et de créer pour ce faire deux importantes chaudières au gaz, avec vocation d’équipement de secours en relais des chaufferies principales au bois. Les premiers raccordements de foyers sur Aubervilliers vont intervenir courant 2021. La Banque Postale a financé à 100% cette première tranche d’investissement, à hauteur de 10,8 M€ pour un montant d’investissement de 14 M€.
Le SMIREC n’entend pas en rester là. En quoi la phase 2 du projet lui permettra-t’elle de progresser au regard de ses objectifs environnementaux ?
La phase 2 de notre programme d’investissement est à l’étude depuis 2015 et devrait entrer en phase de déploiement en 2023. Il s’agit de creuser des puits de géothermie pour servir 7500 équivalents logements supplémentaires à Aubervilliers, avec une puissance souscrite de 31 MW. Une fois le nouveau réseau de géothermie en service, 57 500 tonnes de CO2 seront évitées chaque année. Le choix d’extension du réseau vers Aubervilliers, au Sud de la zone, s’est imposé du fait des contraintes de franchissement des grands obstacles que constituent les autoroutes et voies ferrées au Nord : autant de sources d’importants surcoûts qui renchériraient considérablement la chaleur produite. Cette 2e phase de travaux est évaluée à 16 M€. À l’issue de ceux-ci, Aubervilliers sera approvisionnée à hauteur de 70% via des EnR. Ce projet bénéfice du soutien du Fonds Chaleur (Ademe et Région) à hauteur de 9,5M€.
Quel regard portez-vous sur l’avenir réservé aux investissements verts dans les prochaines années, dans le contexte actuel de crise mondiale ?
La crise sanitaire et économique mondiale a eu pour effet collatéral de réduire fortement le prix des énergies fossiles. Cette tendance pourrait bien s’inscrire dans la durée : il est probable que le tarif du baril de pétrole ne revienne pas aux niveaux antérieurs à la crise. Ce contexte de forte concurrence sur les prix n’est pas très favorable aux énergies renouvelables. Il faut une volonté politique féroce de s’engager dans cette voie. C’est le cas à Saint-Denis et au SMIREC : nous avons été élus en 2020 sur un programme important de lutte contre le réchauffement climatique.
Le plan France Relance déployé dans le cadre de la crise sanitaire vous paraît-il propre à soutenir ce type d’engagement ?
Dans notre secteur, l’enjeu pour le « monde de demain » est double : il s’agit de produire la chaleur de manière plus vertueuse en consommant des énergies moins néfastes pour le climat. Mais aussi de diminuer globalement les consommations énergétiques des bâtiments, grâce à un ambitieux programme de rénovation énergétique. Notre territoire étant particulièrement concerné par le phénomène des « passoires thermiques », l’enjeu est triple : écologique (limiter les consommations d’énergie), économique (réduire les factures) et sanitaire (éviter les coupures de chauffage). Nous espérons que le plan de relance, avec son focus sur la rénovation énergétique du bâti, pourra nous aider à procéder aux investissements lourds nécessaires.
À terme c’est une spirale vertueuse qui s’enclenchera, les bâtiments neufs ou rénovés consommant de moins en moins d’énergie, nous serons en mesure d’alimenter un nombre sans cesse croissant d’habitants en chaleur « propre ».