Interview

La Ville de Lille s’engage avec le prêt vert et le prêt social de La Banque Postale

La Ville de Lille détermine ses programmes d’investissements et ses stratégies de financement suivant de rigoureux critères à impact Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). Grâce au prêt social et au prêt vert de La Banque Postale, la collectivité entend ainsi assumer les ambitions de son Plan Lillois pour le Climat. Rencontre avec Marion Gautier, adjointe au maire à la Transition écologique, aux Finances et au Numérique, et Florent Dixneuf, conseiller municipal en charge de la finance responsable.

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Portrait de Marion Gautier

Notre choix est lié à l’accompagnement et l’expertise fournis dans le montage du dossier d’emprunt. Enfin, nous avons pris en compte l’engagement de La Banque Postale en faveur du climat.

Marion Gautier (© Guilhem Fouques) — Adjointe au maire à la Transition écologique

Quel a été le montant du/des prêt(s)souscrit(s) par Lille auprès de La Banque Postale en 2023. Dans quels buts ?

Florent Dixneuf : « En 2023, La Banque Postale a accompagné la Ville de Lille dans le financement de ses investissements à hauteur de 23 millions d’euros, représentant 57,49 % du montant total emprunté (40 M€.)

La Ville de Lille a contracté un prêt vert de 13 millions d’euros dont 9,1 millions ont été alloués au financement du Projet Éducatif Global 2022-2026, incluant notamment la végétalisation et la désimperméabilisation des cours de l’école George Sand et du groupe scolaire Brasseur.

La Ville de Lille a également établi deux partenariats avec La Banque Postale afin de financer deux autres projets, pour un montant total de 4 millions d’euros. La rénovation du cintre de l’Opéra a ainsi pu être opérée pour 1,7 million, contribuant à la préservation du patrimoine culturel de la Ville. Un budget de 2,3 millions d’euros a par ailleurs été financé pour la conduite de travaux d'accessibilité dans les écoles (0,65 M€), la sécurisation des établissements scolaires (0,31 M€), etc. »

La Ville de Lille met chaque année en débat un rapport d’orientation budgétaire (ROB), en vue de prioriser ses dépenses. Quelles en sont les caractéristiques pour 2024 ?

Marion Gautier : « La Ville de Lille poursuit l’accélération de son programme d’investissement. Ceci dans le but de métamorphoser la ville tout en faisant de la solidarité et de la justice sociale un fil conducteur.

Forte de sa situation financière saine, la Ville de Lille se fait fort de maintenir dans ce cadre, malgré le contexte incertain et l’inflation, un haut niveau de service public et un taux de fiscalité communale inchangé. »

Comment les critères RSE interviennent-ils dans les choix budgétaires municipaux ?

Marion Gautier : « À travers les politiques publiques qu’elle mène sur son territoire comme à travers sa propre activité municipale, la Ville de Lille entend réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030. Nous visons la neutralité carbone bien avant 2050. La Métropole Européenne de Lille (MEL) a adopté le 19 février 2021 son Plan Climat Air Energie Territorial, pour la période 2021-2026. La Ville de Lille souhaite prendre toute sa part dans l’atteinte des ambitions affichées et des objectifs fixés, à savoir :

  • la réduction des gaz à effet de serre,
  • l’amélioration de la qualité de l’air et la santé environnementale,
  • la réduction des consommations d’énergie, l’amélioration de l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables,
  • l’adaptation du territoire au changement climatique,
  • l’accroissement de la capacité de séquestration carbone, la végétalisation et la diminution des îlots de chaleur urbains,
  • et enfin l’implication des partenaires et des citoyens dans la mise en œuvre du plan. »

Florent Dixneuf : « En 2024, 25,2 millions d’euros d’investissement sont prévus pour la rénovation bas carbone des bâtiments. 5,9 millions sont dédiés à d’autres actions du Plan lillois pour le climat et le mécanisme d’intracting, un dispositif de financement ciblant des travaux de performance énergétique qui génèrent des économies d'énergie, avec un temps de retour sur investissement à environ 13 ans. Enfin, 3,7 millions concernent, en 2024, la rénovation de l’éclairage public, et 6,9 millions ciblent la création ou la requalification de nouveaux espaces verts. » 

Quelle est la méthodologie suivie pour le classement des dépenses suivant leur impact ?

Florent Dixneuf : « Depuis le début du mandat, nous analysons les dépenses inscrites dans nos comptes administratifs sous le prisme de leur contribution aux objectifs climatiques que la Ville s’est fixés dans son Plan Lillois pour le Climat.

Les dépenses sont ainsi analysées sous l’angle de leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre : c’est le volet « atténuation » du Plan. Elles le sont aussi sous l’angle de la résilience du territoire face aux conséquences du changement climatique : c’est le volet « adaptation ». Enfin le classement s’opère au regard de la contribution des dépenses à l’amélioration de la qualité de l’air : c’est le volet « qualité de l’air » du Plan.

Cette lecture multifactorielle permet d’apprécier d’une année sur l’autre la dynamique de transformation du territoire menée par la Ville. »

Quels sont, aux termes du ROB 2024, les engagements de la Ville en faveur de la sauvegarde du pouvoir d’achat des habitants ?

Marion Gautier : « La Ville de Lille s’engage pour le maintien du pouvoir d’achat des Lilloises et des Lillois en laissant inchangés les tarifs de la plupart des services municipaux, et notamment de la restauration scolaire : 45 % des habitants paient ainsi 1€ maximum par repas. Cet engagement vaut malgré l’inflation, et se traduit aussi par la poursuite de la gratuité des fournitures scolaires. Tout cela en maintenant un haut niveau de service public rendu au quotidien, et sans augmentation du taux de la part communale des impôts locaux. L’évolution du niveau de taxe payée par les contribuables correspond donc aux seules décisions prises au niveau national quant à l’actualisation des bases. »

Quels sont les projets phares portés par la ville en 2024 en faveur de la transition écologique ?

Marion Gautier : « Les investissements prévus pour 2024 porteront notamment sur la poursuite de la rénovation énergétique des bâtiments : les groupes scolaires Brossolette et Salengro, la salle de sport Lestiboudois... Nous avons également programmé la fin de la mise en œuvre de l’agenda d’accessibilité, la rénovation du patrimoine remarquable et des travaux de requalification des espaces verts et espaces publics. L’amélioration du cadre de vie est une autre thématique prioritaire, avec la modernisation de l'éclairage public, l’extension du parc d’horodateurs pour l’extension du stationnement payant, le verdissement de la flotte automobile, le déploiement d’arceaux vélo supplémentaires... »

Comment la commune appréhende-t-elle le financement de ses dépenses d’investissement, et notamment celles en faveur des transitions écologique et sociale ? Quelles sont les parts respectives de l’autofinancement et de l’emprunt ?

Marion Gautier : « La commune établit un programme pluriannuel d’investissement détaillant les dépenses d’investissement prévues.

La Ville de Lille autofinance une part de ses investissements grâce à l’épargne dégagée par son fonctionnement, complétée de subventions reçues de partenaires publics (Union européenne, État, Métropole européenne de Lille, Conseil régional des Hauts-de-France, Département du Nord), et enfin du recours à l’emprunt.

Florent Dixneuf : En 2023, les dépenses d’investissement de la Ville se sont élevées à 91,48 millions d’euros, et ont été financées à 47 % via l’autofinancement, à 17 % grâce à d’autres ressources telles que des subventions d’investissement ou du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) et enfin à 36% par l’emprunt. »

Portrait de Florent Dixneuf

La souscription d’un prêt vert et d'un prêt social auprès de La Banque Postale s’inscrit dans la volonté de la Ville de Lille de travailler avec des partenaires financiers qui s’engagent sur des critères extra-financiers et en particulier sur la décarbonation de leurs portefeuilles d’investissements.

Florent Dixneuf (© Guilhem Fouques) — Conseiller municipal en charge de la finance responsable

Quelles sont les motivations de la ville de souscrire, en 2023, un prêt vert et un prêt social de La Banque Postale ?

Florent Dixneuf : « La souscription d’un prêt vert et d’un prêt social auprès de La Banque Postale s’inscrit dans la volonté de la Ville de Lille de travailler avec des partenaires financiers qui s’engagent sur des critères extra-financiers et en particulier sur la décarbonation de leurs portefeuilles d’investissements. Le recours à ces enveloppes permet également de bénéficier de fonds spécifiques dont les conditions financières peuvent s’avérer plus avantageuses. »

Comment la ville sélectionne-t-elle les banques retenues ? Les critères d’impact passent-ils par un questionnaire RSE ?

Marion Gautier : « En matière de recherche de financement, nous complétons nos appels d’offres par un questionnaire extra-financier permettant d’évaluer les propositions de financement en intégrant les critères RSE. La Ville de Lille a été l’une des collectivités novatrices en la matière.

Dans le choix de nos financements, nous évaluons d’abord les offres reçues en fonction de critères préétablis et mentionnés dans notre cahier des charges : les taux d’intérêts et/ou marges proposés. Ensuite, nous examinons la valeur technique de l’offre, c’est-à-dire les conditions de remboursement anticipé proposées. Nous regardons par exemple si la banque propose une option de cristallisation du taux, etc. Enfin, nous analysons les réponses obtenues aux questionnaires extra-financiers. »

Florent Dixneuf : « Notre questionnaire extra-financier est élaboré à la lumière de notre Plan Climat et aborde diverses questions relatives aux financements responsables, à la réduction de l’empreinte carbone des portefeuilles de financement et d’investissement de nos partenaires financiers. Il intègre en outre des questions relatives à la contribution aux Objectifs de Développement Durable de l’ONU de ces acteurs.

Lors de l’analyse des enquêtes, nous vérifions et complétons les informations reçues en étudiant toutes les informations publiques disponibles.

Nous constatons que les propositions financières fléchées vertes ou sociales proposées par nos partenaires financiers traditionnels tendent à être plus avantageuses que des propositions commerciales classiques. »

Pourquoi avoir choisi La Banque Postale pour vous accompagner ?

Marion Gautier : « Nous avons choisi La Banque Postale pour financer nos projets d’investissement pour plusieurs raisons. Les conditions financières proposées étaient très avantageuses par rapport au marché. Et, de surcroît, avec des produits adaptés et innovants, tel qu’un prêt vert pour financer nos projets en faveur de l’environnement et un prêt social. Notre choix est également lié à l’accompagnement et l’expertise fournis dans le montage du dossier d’emprunt. Enfin, nous avons pris en compte l’engagement de La Banque Postale en faveur du climat ; un engagement reconnu par diverses ONG, notamment Oxfam et Reclaim Finance. »

Quelle communication est-elle faite en interne et auprès des habitants sur ce choix de souscrire des prêts verts et sociaux ?

Marion Gautier : « En interne, la communication sur le choix de souscrire des prêts verts et sociaux est faite au travers de réunions, en amont de la souscription des emprunts, lorsque nous recherchons les projets qui pourraient potentiellement être éligibles à des prêts verts et sociaux. Nous essayons de sensibiliser toutes les parties prenantes à cette démarche. Diverses directions sont impliquées, notamment les finances, la commande publique, la transition écologique, les affaires sociales et l’éducation, la direction de la construction, maintenance et des énergies durables, etc.

 La Ville de Lille reprend le détail de souscription des prêts verts et sociaux dans ses documents budgétaires publiés sur son site institutionnel. »

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