Le SYADEN finance son plan Très Haut Débit grâce à un prêt social

Le SYADEN, syndicat audois d’énergie et du numérique, s’est vu remettre un trophée social par La Banque Postale, à l’occasion du Salon des maires 2023. Le prêt social souscrit est destiné à équiper en Très Haut Débit l’intégralité du territoire du département de l’Aude, en supprimant toutes les zones blanches. Rencontre avec Régis Banquet, président du SYADEN et de Carcassonne Agglomération.

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Quelles sont les compétences du SYADEN dans le champ du numérique ?

Régis Banquet : Le SYADEN est de création récente ; il a été constitué en 2011. Il cumule toutes les compétences traditionnelles et plus nouvelles d’un syndicat d’énergie. Outre le service public de l’électricité, le syndicat est en charge de l’électrification rurale, des réseaux de chaleur renouvelables, de l’éclairage public, du développement des énergies renouvelables, du déploiement des bornes de recharge des véhicules électriques etc. Depuis 2015, le SYADEN s’est beaucoup diversifié dans le champ de la transition écologique. Nous accompagnons les 433 communes du département dans leurs stratégies d’efficacité énergétique du bâti. Nous avons d’ailleurs créé une société d’économie mixte (SEM) pour investir dans les énergies renouvelables, et développer notre mission de conseil aux communes, avec un sujet d’actualité immédiate : celui des zones accélération EnR.

Le SYADEN porte par ailleurs le projet Très Haut Débit (THD) du département, pour lequel il bénéficie de financements liés au Plan France Très Haut Débit.

Quels sont les enjeux particuliers de ce volet numérique de l’activité du SYADEN ?

Régis Banquet : Il s’agit de permettre à tous les Audois de se connecter confortablement à Internet. Mais aussi d’accompagner les communes dans le développement des usages du numérique. La question des infrastructures numériques est éminemment stratégique, ces dernières étant à la source de multiples nouveaux usages.

Nous avons par exemple équipé quelques-unes des 150 antennes 4G LTE (Long Term Evolution) du département de caméras destinées à repérer les départs de feux. Dans le même souci de résilience, nous équiperons bientôt quelques ouvrages d'art stratégiques (tels que routes, ponts, tunnels…) pour détecter et filmer les inondations et ainsi permettre aux maires d’apporter la meilleure réponse pour protéger la population. Un réseau bas débit LoRa (ou Longue portée) est en cours de déploiement pour, par exemple, installer des compteurs d’eau intelligents. Dans le même ordre d'idée, nous accompagnons les agriculteurs pour installer des capteurs leur permettant de détecter le stress hydrique de la terre et de doser l’apport d’eau à la goutte près.

Pourquoi le choix de la fibre optique ?

Régis Banquet : Nous sommes convaincus que c’est la technologie de communication la plus performante pour les 30 à 40 années à venir. Une solution qui permet également au territoire audois de se distinguer d’autres départements, en offrant aux habitants tous les nouveaux services à disposition et aux entreprises, un supplément d’attractivité sur le territoire.

Dans quel contexte le projet de déploiement du Très Haut Débit s’inscrit-il ?

Régis Banquet : J’ai été vice-président du SYADEN dès sa création. Le Plan France Très Haut Débit, lancé en 2009, prévoyait le raccordement des métropoles et des zones denses, voire très denses, par les opérateurs. C’est donc gratuit pour ces territoires. Mais les zones rurales étaient « oubliées », leur raccordement restant à la charge des collectivités. J’ai donc œuvré et insisté pour que le SYADEN se saisisse du sujet au plus vite. Dès 2011, le projet a été présenté au département. Le schéma directeur départemental d’aménagement du numérique a été réalisé en 2014. Le SYADEN a porté la réflexion sur le déploiement à compter de 2015, et lancé les travaux en 2017. 

Quelles ont été les étapes du déploiement du programme ?

Régis Banquet : La première qualité d’un élu local, c’est la patience, car les projets sont assez longs à mûrir et à faire aboutir !

Dans une première phase, le SYADEN a interrogé les intercommunalités sur leurs capacités à accompagner financièrement ce déploiement, ainsi que sur leurs objectifs stratégiques en termes de zones à prioriser. Ce premier déploiement du Très Haut Débit terminé, la population audoise s’est trouvée couverte, fin 2021, à 85%. Parallèlement, nous avons déployé un réseau LTE qui, via la technologie radio, a permis d’offrir une solution provisoire aux habitants non éligibles à la fibre optique en phase 1. À l’heure actuelle, 90 à 95 % des Audois sont éligibles à la fibre optique.

Dans la seconde phase du projet, qui s’achèvera fin 2025, il s’agit d’équiper les 15 % de communes restantes, qui sont les moins accessibles, étant le plus souvent situées en zone montagneuse. Ces 15 000 prises restantes sont les plus difficiles et coûteuses à installer.

Le projet de déploiement de la fibre optique fait-il l’unanimité au sein du syndicat ?

Régis Banquet : À son lancement en 2011, personne ne parlait encore de fibre optique. Il a fallu convaincre mes collègues, porter le projet vers les élus du département. Ce travail de pédagogie achevé, l’unanimité s’est faite autour du déploiement de la fibre optique. 

Comment les citoyens audois se sont-ils approprié la solution ?

Régis Banquet : Sur un terrain en friche, la première année de récolte est en général excellente… Le réseau en cuivre antérieur était très peu performant, occasionnant des situations parfois difficiles en termes de connexion Internet. Dès lors, les conditions d’une appropriation rapide du Très Haut Débit étaient présentes. De fait, les Audois ont manifesté une appétence particulière pour la fibre optique, avec plus de 40 % de taux de pénétration : une performance supérieure à la moyenne nationale selon l’ARCEP.

Portrait de Pierre Le Bel

Pour travailler conjointement sur des projets d’envergure tel que celui du déploiement du Très Haut Débit, il faut des partenaires convaincus et engagés. La Banque Postale s’est montrée d’une fiabilité et d’une fidélité absolues.

Régis Banquet — Président du SYADEN et de Carcassonne Agglomération

Quel est le budget total du projet ? Comment celui-ci a-t-il été financé ?

Régis Banquet : Au total, le projet aura coûté 250 millions d’euros, ce qui en fait le plus gros projet d’investissement actuellement porté par le département. Le SYADEN en porte une partie non négligeable, à hauteur de 60 millions d’euros. Dont 14 millions d’euros financés via un emprunt souscrit auprès de La Banque Postale. Le projet THD bénéficie par ailleurs de soutiens financiers de l’État, de la Région, du Département et des intercommunalités.

Pourquoi avoir choisi La Banque Postale pour accompagner le déploiement de ce programme d’investissement ?

Régis Banquet : La Banque Postale est un partenaire historique du SYADEN, auprès duquel nous avons toujours trouvé une excellente écoute de nos besoins de financement et d’accompagnement.

Pour travailler conjointement sur des projets d’envergure tel que celui du déploiement du Très Haut Débit, il faut des partenaires convaincus et engagés. Or dans les liens qui se sont tissés au fil des années, La Banque Postale s’est montrée d’une fiabilité et d’une fidélité absolues.

En quoi la possibilité de recourir à un prêt social fait-elle sens pour le SYADEN ?

Régis Banquet : Le prêt social est une proposition qui a émergé dans le dialogue avec La Banque Postale. Et pas avec nos autres partenaires bancaires. La logique sous-jacente au prêt consiste à apporter un service à l’ensemble de la population audoise. Autour de ce prêt social, nos objectifs se sont immédiatement rejoints. 

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