Le logement des jeunes, urgence sociale et nouvel enjeu pour les bailleurs sociaux ?

  • Developpement

Les jeunes sont sous-représentés dans le parc social. Par ailleurs, l’offre qui leur est destinée dans le parc du logement dit « accompagné », le plus souvent propriété des bailleurs sociaux, est insuffisamment développée. Un récent rapport cosigné par le Conseil national de l’habitat (CNH) et le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) tire la sonnette d’alarme.

Concernant le logement des jeunes, le Président de la République déclarait le 12 juin 2024, lors d’une conférence de presse post élections européennes : "il faudra bâtir avec toutes les forces productives une vraie réponse, car nous n'avons pas assez avancé sur ce sujet". Dans un rapport publié en février dernier avec un titre sans ambiguïté (« Logement des jeunes, une urgence sociale ! ») le Conseil national de l’habitat (CNH)*$ et le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ)*$ établissent un constat alarmant.

  • Un organisme consultatif siégeant auprès du ministre du Logement.

  • Conseil d’orientation des politiques de jeunesse

Une offre de logements dédiée largement insuffisante

Les jeunes sont les premières victimes de la crise du logement actuelle et leurs parcours de vie s’en trouvent fortement entravés. L’ampleur de la crise du logement dans cette classe d’âge est en effet sans précédent. Près de 5 millions de jeunes adultes vivent toujours chez leurs parents, faute de pouvoir « décohabiter ». Parmi eux, 1,3 million âgés de 25 ans et plus sont encore dans cette situation, soit 250 000 personnes de plus que 7 années plus tôt*$. Avec 70 % des « décohabitants » de moins de 25 ans et 52 % des 25-29 ans logés dans le parc privé 1), les jeunes y sont surreprésentés et subissent donc de plein fouet la hausse du prix des loyers et la concurrence des meublés de tourisme.

Quant à l’offre existante de logements dédiée aux jeunes, le rapport pointe le faible nombre du contingent de places qui leur sont réservées. Les 50 765 places proposées en Foyers des Jeunes Travailleurs (FJT), auxquelles s’ajoutent 11 555 places en résidences sociales jeunes actifs, 176 916 lits proposés par les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS )et quelque 5 000 logements dits « article 109 » de la loi Elan, sont loin de suffire au vu de la demande.

Le logement Social était à l’origine prévu au bénéfice des « familles » pour rapprocher les salariés de leur lieu de travail. Les typologies de logement de type T1 ou T2 sont donc moins courante dans le logement social que dans le parc privé.

Le grand enjeu des bailleurs sociaux au regard de cette offre inadaptée à la demande des jeunes est de rendre les programmes plus « modulaires » pour pouvoir changer plus facilement la destination du bien sur la durée. Cela implique de repenser

  • 1 / la construction ou la réhabilitation des programmes immobiliers (déplacer des cloisons plus facilement par exemple).
  • 2 / prévoir des bouquets de services pour anticiper des évolutions de la demande et des besoins (pour les jeunes, salle de sport, coworking, salle de cinéma… les locataires vieillissant pour le maintien à domicile, service de santé…). 
  • Un organisme consultatif siégeant auprès du ministre du Logement.

Les jeunes sous-représentés dans le parc social

Les jeunes sont sous-représentés dans le parc social, essentiellement du fait de phénomènes bien connus – mais non résolus - de non-recours, du fait d’un parcours administratif long et fastidieux. Cette situation est contre-intuitive, soulignent les auteurs du rapport. Les jeunes forment en effet la partie de la population la plus précaire dans l’emploi, avec des revenus plus faibles et moins stables que ceux de leurs aînés. D’ailleurs, seulement 8 % des jeunes ne sont pas éligibles au logement social suivant le niveau de leurs revenus, contre 30 % de la population générale.

La proportion des locataires de moins de 30 ans est d’ailleurs en diminution dans le parc social. Entre 1984 et 2020, la part des chefs de ménages de moins de 30 ans parmi les locataires du parc social a fortement baissé, passant de 24 % à 10 %.

En revanche, l’attention portée aux jeunes dans les commissions d’attribution est une réalité palpable : ceux qui font une demande la voient satisfaite dans 26,5 % des cas, contre 19,6 % pour l’ensemble des autres demandeurs.

La concurrence avec le parc privé s’effectue notamment sur les petites typologies de logements. Le parc social propose proportionnellement moins de petits logements. Le parc social compte ainsi 7 % des logements d’une pièce (contre 12 % dans le parc locatif privé) et 20 % de deux pièces (contre 30 % dans le parc privé), ce qui crée de fait une concurrence entre les jeunes sur ces logements.

On le voit donc, la pénurie de logements touche particulièrement les produits qui répondent aux besoins des jeunes. Pour résoudre l’équation, le développement et l’accessibilité de l’offre généraliste doivent se conjuguer avec une diversification de l’offre.

Le logement : un sésame vers l’autonomie

Disposer d’un logement personnel stable et décent est essentiel pour qu’un jeune puisse accéder à l’autonomie et construire sa vie. « Sans un lieu de vie stable, il devient difficile de développer des relations sociales, de se concentrer sur ses études ou son travail, de s’intégrer dans la vie de la cité. », note le rapport.

Outre cet enjeu d’autonomisation, l’accès au logement des jeunes constitue un levier de prévention et de lutte contre le sans-abrisme. L’enquête nationale sur les sans-domicile, réalisée conjointement par l’Insee et l’Ined en 2012, indiquait qu’un quart des sans-abri nés en France sont passés par la protection de l’enfance. Par ailleurs, la moitié des personnes suivies via le dispositif « Un chez-soi d’abord » ont connu un premier épisode de « sans-abrisme » avant 21 ans et demi. « Les ruptures peuvent survenir très tôt, avant 18 ans. » indique le rapport COJ/CNH. « Plus ces ruptures sont prises en charge tôt, plus il est simple d’inverser la tendance. »

Outre l’actualisation d’un constat alarmant, le rapport ambitionne de proposer des solutions concrètes, opérationnelles, destinées à améliorer les situations quotidiennes vécues par les jeunes. Le rapport comporte ainsi 57 préconisations pour :

  • mieux solvabiliser les jeunes en leur permettant d’accéder à un logement autonome et de s’y maintenir,
  • rendre le logement autonome plus accessible aux jeunes en situation de particulière vulnérabilité,
  • informer, orienter et accompagner les jeunes vers le logement,
  • faciliter leur accès à un logement de « droit commun » dans le parc privé ou social,
  • mieux coordonner les politiques publiques du logement des jeunes et mieux les mettre en œuvre sur le terrain,
  • produire et rénover davantage de logements à destination des jeunes, y compris en recourant à des solutions expérimentales et innovantes.

Des recommandations qui concernent les bailleurs sociaux

Les auteurs plaident pour une approche globale et coordonnée, tant au niveau national que territorial, le logement des jeunes n’étant pas une problématique isolée, mais bien une clé pour leur insertion sociale et professionnelle. Programmation pluriannuelle, pilotage et coordination locale renforcés, intercommunalités comme chefs de file : le COJ et le CNH appellent à davantage de suivi et de cohérence.

Dans le champ du logement social, le CNH et la COJ formulent plusieurs propositions :

  • soutenir la construction de petites typologies de logements sociaux de droit commun, à partir des besoins identifiés dans le cadre des programmes locaux de l’habitat (PLH),
  • rendre visible l’offre en logement social en développant la « location active », plus adaptée aux habitudes des jeunes*$ et mieux accompagner les jeunes dans leurs démarches administratives de demande de logement social,
  • faciliter les parcours résidentiels des jeunes en renforçant les partenariats entre les réseaux « jeunesse » : Union Nationale des Comités. Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNCLAJJ), Union Nationale des Comités. Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNHAJ), réseau Agence nationale pour l'information sur le logement (ANIL) - Agences départementales pour l'information sur le logement  (ADIL), Info Jeunes France, union professionnelle du logement accompagné (Unafo)…, les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales,
  • définir des objectifs de production sociale nouvelle à l’échelle régionale voire départementale, s'appuyant sur les documents locaux de programmation, impliquant les collectivités, les Crous, les universités, les organismes de logement social et mobilisant les fonciers de l'État disponibles,
  • renforcer les aides à la pierre, afin de soutenir la production globale de logements sociaux,
  • poursuivre les incitations à la production de nouvelles résidences sociales en renouvelant - voire en renforçant - l’enveloppe dédiée du Fnap (Fonds national des aides à la pierre) mise en place pour 2024.

 

À noter que 80 % des bâtiments occupés par les Foyers pour jeunes travailleurs (FJT) et résidences sociales jeunes actifs (RSJA) sont en réalité la propriété de bailleurs sociaux*$. Les associations en ont la jouissance et en assurent la gestion locative.

  • Une information en ligne sur les logements disponibles, avec possibilité pour le demandeur de se positionner sur les logements qu’il souhaite.

  • Source : UNHAJ 2024

Les solutions de La Banque Postale

Prêt vert

Crédit

Allez au bout de votre démarche : optez pour un financement responsable !

Sécurisation des transactions bancaires à l'international

Face à l'augmentation des tentatives de fraude, La Banque Postale a noué un partenariat commercial avec Sis ID pour vous permettre de renforcer la sécurité de vos processus et de vos paiements en vous appuyant sur une solution automatisée de contrôle des coordonnées bancaires de vos tiers en France et à l’étranger.

Articles associés