Interview

Hôpital Paris-Saclay : un chantier majuscule accompagné par La Banque Postale

L’hôpital Paris-Saclay ouvrira ses portes en juin 2024 à Orsay. Le Groupe Hospitalier Nord-Essonne (GHNE) fera figure d’hôpital de référence pour le territoire du Nord-Essonne et permettra de juguler la fuite des patients vers Paris pour les soins spécialisés. Le financement du chantier mobilise 5 acteurs financiers, dont La Banque Postale. Rencontre avec Cédric Lussiez, directeur général du GHNE.

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Le chantier du futur hôpital Paris-Saclay est le résultat d’un regroupement. Quels en sont les contours et les enjeux ?

Cédric Lussiez : L’hôpital Paris-Saclay regroupera sur un nouveau site de 45 000 m2 l’essentiel des activités de médecine, chirurgie et obstétrique jusqu’ici réparties entre deux sites distincts, à Orsay-centre et à Longjumeau, où nous conserverons un hôpital de proximité. Tous les services spécialisés (chirurgie, pédiatrie, urgences, réanimation etc.) seront regroupés dans de nouveaux bâtiments conçus suivant les plus hauts standards, notamment de qualité environnementale. Il s’agit de regrouper sur un site unique des activités n’atteignant pas la taille critique pour s’auto-suffire. Ceci dans un contexte où le taux de fuite des patients vers Paris est très conséquent, du fait d’un manque de prises en charge spécialisées de proximité. Ce taux atteint 30 % en moyenne pour l’ensemble des activités, mais dépasse 65 % pour la cancérologie médicale.

Quelle sera la plus-value du futur hôpital par rapport à l’existant pour la population de son territoire d’implantation ?

C.L. : Paris-Saclay ambitionne de devenir l’hôpital de référence entre Paris et Orléans. L’établissement va développer une offre de soins spécialisés beaucoup plus conséquente, en particulier dans des domaines où le département de l’Essonne était jusqu’ici mal pourvu, comme en cancérologie ou en gastro-entérologie. Il s’agit de limiter les hospitalisations sur Paris aux soins chirurgicaux ultra-spécialisés – par exemple pour des chirurgies cardiaques ou des greffes. 

Quelle sera la capacité du futur hôpital ?

C.L. : Avec 479 lits et places, l’hôpital de Paris-Saclay aura la même capacité d’accueil qu’il y a 4 ans, soit beaucoup plus qu’aujourd’hui (la crise sanitaire s’est accompagnée de nombreuses fermetures de lits). Les capacités de l’hôpital en réanimation et en soins critiques augmenteront, passant de 18 à 24 lits, dont 2 lits de plus en soins intensifs en cardiologie.

Les prises en charge ambulatoires à haute valeur ajoutée technique vont par ailleurs considérablement se développer.

Quels seront les pôles d’excellence du futur hôpital ?

C.L. : En partenariat avec l’Institut Curie, nous proposerons des prises en charge d’excellence dans le champ de la cancérologie, notamment autour des cancers de la sphère ORL, digestifs et du sein. Notre offre dans ce domaine va se renforcer : plus de personnels, davantage d’accès à l’innovation, aux nouveaux traitements et aux biobanques…

En gastro-entérologie, nous avons déjà opéré 3 recrutements médicaux cette année. Le pôle se développe donc, avec une dimension universitaire et de recherche en construction. Nous allons bénéficier de la proximité immédiate d’une unité Inserm de recherche sur le microbiote, avec des médecins et chercheurs ayant un pied à l’hôpital.

L’hôpital public traverse une période très difficile en post-Covid. Nous avons urgemment besoin de structurer des pôles de référence accessibles en banlieue, pour éviter que demain les Franciliens aient à se déplacer pour se faire soigner à Paris.

Quels investissements cette montée en charge autour des soins spécialisés appelle-t-elle, en termes de plateau technique ?

C.L. : Dès 2024, notre plateau technique sera beaucoup plus conséquent qu’aujourd’hui, avec 2 IRM et 2 scanners, permettant une prise en charge des urgences garantie 365 jours par an et 24 heures sur 24, ce qui n’était pas possible jusqu’ici. L’hôpital disposera de 8 blocs opératoires, avec la faculté de développer des prises en charge chirurgicale plus spécialisées.

L’étape décisive du développement de Paris-Saclay interviendra en 2026. Un nouveau seuil sera alors franchi avec la livraison de 2 nouvelles salles opératoires dites hybrides, notamment dédiées à des activités de chirurgie vasculaire inédites. Nous attendons pour cette même année l’arrivée d’un robot chirurgical et la livraison du bâtiment PASREL, qui hébergera nos activités de recherche ainsi qu’un service de médecine nucléaire partagé avec le CEA. Nous disposerons alors, sur un même site, d’un plateau technique exceptionnel. Un niveau d’équipement d’autant plus qualitatif que nous bénéficierons de la proximité immédiate, à Orsay, de notre partenaire en radiothérapie, l’Institut Curie, dont le centre de protonthérapie n’a qu’un seul autre équivalent en France.

Quand le bâtiment sera-t-il livré ?

C.L. : Il est remarquable de noter, pour un projet de cette complexité et de cette envergure, qu’il n’a pas pris un jour de retard. Le nouvel hôpital sera donc livré, comme prévu, en janvier 2024. Il accueillera ses premiers patients en juin 2024.

Comment les enseignements de la crise sanitaire du Covid-19 ont-ils été intégrés au projet ?

C.L. : Nous avons construit avec l’architecte un système de circuits et de protocoles de flux dans tous les services, qui permettra que les patients infectés puissent ne jamais croiser les patients sains.

Grâce à un timing favorable, nous avons, par ailleurs, pu modifier in extremis le permis de construire, pour ajouter au projet initial un étage supplémentaire, dédié aux maladies infectieuses. Le GHNE sera le premier hôpital de France à isoler certaines prises en charge, pour que l’hôpital continue à fonctionner quel que soit le contexte. Nous sommes donc en ordre de marche pour répondre aux défis des maladies infectieuses à venir, objet de tous les scénarios noirs dans le champ de la santé publique.

De gauche à droite : Jean-Charles Laur, La Banque Postale ; Najoua Benfella, la Banque des Territoires ; Laetitia Boussarie, Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels ; Cédric Lussiez, Directeur du Groupement Hospitalier Nord-Essonne ; Romain Durand, groupe Relyens ; Sébastien de Vanssay, Caisse d’Épargne Ile-de-France. (DR : La Poste)

Avec 215 M€ de budget, le projet de construction de l’hôpital Paris-Saclay est majeur pour le secteur de la santé en Île-de-France. Cinq acteurs financiers, sélectionnés sur appel d’offres, se partagent son co-financement bancaire à hauteur de 117M€ : La Banque Postale, Arkéa Banque, la Banque des Territoires, la Caisse d’Épargne Ile-de-France et le groupe Relyens. Les membres du pool bancaire se sont accordés pour définir des conditions de financement homogènes. Un tel montage permet à l’établissement hospitalier de s’entourer de plusieurs interlocuteurs dans la durée et pour les banques, de mieux répartir leurs risques. L’hôpital ayant contractualisé ces emprunts en 2021, il bénéficiera pour la durée des prêts des conditions de marché les plus favorables, avec des conditions de taux qui, 6 mois plus tard, auraient été à minima doublées. La structuration de cette réponse bancaire devrait inspirer les gros projets à venir dans le secteur de la santé en Île-de-France.

Premier prêteur bancaire des hôpitaux publics, La Banque Postale est fière de participer au financement d’une opération importante pour la modernisation de l’offre de soin du Nord-Essonne, qui s’inscrit dans le cadre du Ségur de la Santé. Pour accompagner avec la plus grande expertise les hôpitaux publics ainsi que l’ensemble des acteurs du secteur de la santé et du médico-social, qu’ils soient publics ou privés non lucratifs, la direction régionale Île-de-France de La Banque Postale a mis en place une équipe de chargés d’affaires dédiés et spécialisés. 

Jean-Charles Laur — Directeur territorial Ile-de-France pour le secteur public local à La Banque Postale

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