L’Open Payment : l’outil qui révolutionne les mobilités

Ana-Catalina Macaya-Vargas : La Banque Postale est le premier financeur bancaire des investissements portés par les collectivités territoriales*$. En tant que banque citoyenne, nous plaçons les enjeux de la transition écologique au premier plan de nos préoccupations. Or on le sait, avec 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France et environ un tiers de la consommation d’énergie finale du pays, le secteur des transports est porteur d’enjeux cruciaux.

L’ambition de La Banque Postale est de proposer aux collectivités un accompagnement global. En complément de leur financement, la direction Transaction Banking accompagne les collectivités tout au long de leurs projets et intervient en aval, dans le cadre de la mise en place de plateformes de mobilité régionales, dans une logique d’interopérabilité multimodale*$. Grâce à son expertise et à ses partenaires, la direction Transaction Banking traite les flux sous-jacents.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : Le financement du secteur public local fait partie de l’ADN de la banque. Côté « flux », la direction Transaction Banking est porteuse d’un historique dans l’accompagnement des gros acteurs du secteur des transports publics. Aujourd’hui, le marché opère une transition, d’une logique de transport à une logique de mobilité globale. La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM*$) a changé la donne : les régions et les intercommunalités ont la gouvernance sur la compétence « mobilité », mandatant certains exploitants historiques, ou de nouveaux acteurs, pour coordonner tout ou partie de leur offre globale de mobilité. Anticipant ces évolutions, La Banque Postale a adapté son approche du marché. Aujourd’hui, en complément des acteurs historiques transporteurs, nous nous rapprochons également des nouveaux acteurs comme les billetticiens et les intégrateurs de services de mobilité, pour prendre en compte l’émergence de ces nouveaux acteurs clés.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : Longtemps la France a privilégié une approche par les grands axes (les lignes TGV, typiquement), se focalisant moins sur les enjeux de mobilité au cœur des territoires. Avec la loi LOM et l’ouverture du secteur à la concurrence, les Régions et les intercommunalités ont, comme Autorités organisatrices de la mobilité (AOM), commencé à prendre leur destin en main dans ce domaine. Sur le plan technologique et en matière de paiement, plusieurs évolutions majeures se sont fait jour. C’est, d’abord, l’essor de la MaaS (mobility as a service*$, qui a vu l’émergence de marketplaces de la mobilité omnicanale. Véritables plateformes de la mobilité, celles-ci agrègent les offres et les enrichissent d’autres services à valeur ajoutée, dans des packages associant la mobilité à des événements culturels et sportifs, ou encore à de l’hébergement touristique, à des réductions tarifaires etc. La seconde évolution majeure est la capacité à utiliser un moyen de paiement sans contact (carte, smartphone ou objet connecté) comme titre de transport, via l’Open Payment.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : La loi LOM a permis de booster l’offre de transports dans les régions, c’est indéniable. Mais cela a un prix : l’achat de titres pour des parcours inter-régionaux est complexe. Tout l‘enjeu du Titre Unique de Transport est d’assurer l’interopérabilité entre les différentes plateformes régionales, pour davantage de fluidité dans les déplacements. Le consortium auquel La Banque Postale s’était associée n’a pas été retenu au terme de l’appel d’offres lancé par l’État pour une phase d’expérimentation. Avec son partenaire stratégique Kuba, spécialiste de l’élaboration de solutions billettiques intégrées, La Banque Postale a su néanmoins faire valoir son savoir-faire dans l’accompagnement de projets régionaux de déploiement de l’Open Payment (Nouvelle Aquitaine Mobilité, Orléans Métropole, Dijon Métropole et prochainement région Bretagne, région Grand-Est...) et apporter son expertise pour contribuer à cet enjeu national.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : Les clients s’attendent dorénavant à avoir un niveau d’expérience équivalent à celui des plateformes digitales, qui offrent des parcours d’achat et de paiement unifiés et ce indépendamment du canal d’accès. Ce type de parcours repose sur l’omnicanalitéet offre des trajets simplifiés de bout en bout. La mobilité n’échappe pas à cette règle et se doit de proposer un parcours omnicanal d’accès à l’offre et une expérience d’achat et de paiement unique, indépendamment des trajets sélectionnés ou réalisés, ou encore des services et offres achetés, tout en garantissant chaque fois le tarif le plus avantageux. Ce parcours est intégré, avec un seul et unique débit.

Le savoir-faire d’acquéreur monétique de La Banque Postale et de sa filiale à 100 % eZyness recouvre sur l’encaissement en une seule fois des services utilisés par chaque voyageur et la ventilation de ces flux auprès des différents fournisseurs d’offres de mobilité.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : La Banque Postale a fait le choix de créer son propre établissement de paiement et de monnaie électronique*$ via sa filiale eZyness. Pour cet outil, dédié à l’encaissement pour compte de tiers, nous disposons d’une licence d’établissement de paiement. La plateforme eZyness allie l’agilité d’une fintech, la puissance industrielle de la banque et la robustesse de son processing. Notre capacité à traiter de gros volumes d’encaissements à des tarifs attractifs tout en nous adaptant aux besoins spécifiques des clients est assez unique sur le marché. Sans oublier un aspect fondamental qui est la capacité à travailler et à nous intégrer avec les autres acteurs de l’écosystème. Or ces exigences d’ouverture et de compétitivité sont assez centrales au regard des enjeux d’intérêt général sous-jacents.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : Pour la plupart des régions, les expertises requises - tarification, billettique, monétique… - sont nouvelles. La dynamique du marché favorise donc les offres modulaires, personnalisables aux besoins de la collectivité, que nous sommes en capacité de proposer avec nos partenaires billetticiens et intégrateurs. Nous nous efforçons de garantir la scalabilité⁴ des solutions proposées et une possibilité d’ouverture à d’autres partenaires externes.

Ana-Catalina Macaya-Vargas : Nouvelle Aquitaine Mobilité (NAM) fait effectivement figure de précurseur en termes de plateforme régionales Après l’Oise, que nous avions accompagnée à plus petite échelle, NAM est la première région à avoir déployé une plateforme de type MaaS régionale.

Parmi les appels d’offre les plus emblématiques récemment remportés par Transaction Banking, Orléans Métropole nous a confié le déploiement d’un nouveau système de paiement NFC*$ dans son réseau de transports métropolitains. Concrètement depuis mars 2024, les passagers utilisent leur carte bancaire, qu’elle soit physique ou dématérialisée, comme titre de transport.

Dernier marché remporté à date, la Région Pays de la Loire nous a confié l’unification de la billettique de son réseau de transport en commun Aléop, qui totalise 90 000 déplacements quotidiens de passagers. Le système, déployé d’ici à 2026, combinera une technologie ouverte et omnicanale avec une interopérabilité totale.