ÉduRénov : le cap de la rénovation énergétique du bâti scolaire sera-t-il tenu ?

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Dix-huit mois après le lancement, au printemps 2023, du programme ÉduRénov, plus de 2 700 collectivités territoriales ont bénéficié de l’offre bout en bout proposée en appui de leurs projets de rénovation énergétique de bâtiments scolaires. Porté par la Banque des Territoires, le dispositif conjugue plusieurs services (ressources, webinaires, prestations d'ingénierie, financements, etc.) accessibles quel que soit le degré de maturité du projet soutenu.

« Simplifier la rénovation énergétique des écoles, de la crèche à l'université". Avec ce credo comme étendard, ÉduRénov est porteur d’une ambition forte : améliorer les conditions d’étude et de travail des élèves et du corps éducatif, tout en réduisant les consommations d’énergies des bâtiments. Bras armé du Plan Écoles lancé par le Gouvernement, le dispositif, totalement gratuit pour les collectivités territoriales, doit permettre à 10 000 crèches, écoles primaires, collèges, lycées et établissements d’enseignement supérieur de bénéficier de travaux lourds de rénovation énergétique d’ici à 2027. L’objectif visé est d’au moins 40 % d’économie d’énergie pour les bâtiments rénovés. Dans les faits, le gain d’énergie constaté pour les projets inscrits à ÉduRénov atteint en réalité 49 %.

L’enjeu est, il est vrai, majeur. Avec 130 millions de m² et près de 60 000 bâtiments répartis sur tout le territoire (situés à 66 % dans des villes de moins de 10 000 habitants)*$, les établissements scolaires représentent en effet plus de la moitié du patrimoine immobilier des collectivités locales. Les écoles concentrent à elles seules près de 30 % de la consommation d’énergie des bâtiments communaux. Or, les deux-tiers des bâtiments scolaires et éducatifs ont plus de cinquante ans d’âge, estimait en 2023 un rapport de l’Observatoire des Finances et de la Gestion publiques locales (OFGL). Vieillissants, énergivores, peu adaptés aux conséquences du changement climatique, ils génèrent de l’inconfort pour les enseignants et les élèves, donc des conditions d’apprentissage dégradées. Dans une mission d’information datant de 2023*$, le Sénat estimait d’ailleurs à 85 % l’écrasante proportion du parc immobilier scolaire en état de vétusté (environ 10 %) ou non respectueux des normes en vigueur (environ 75 %).

  • Source : Banque des Territoires 2024

  • « Le bâti scolaire à l’épreuve de la transition écologique » - 2023

Le financement, nerf de la guerre

Après des travaux d’isolation, d’amélioration de leur efficacité énergétique, de renaturation et de végétalisation des cours et toits d’écoles, ou encore de passage aux énergies renouvelables, ce bâti éducatif et scolaire pourrait pourtant constituer une des pierres angulaires de la territorialisation de la planification écologique. « La rénovation des bâtiments publics est un levier essentiel de la stratégie du Gouvernement pour respecter les objectifs de baisse de 40 % de la consommation énergétique, d’environ 60 % des émissions de gaz à effet de serre dans le bâti d’ici 2030, et de neutralité carbone à horizon 2050. » affirme ainsi le guide « Rénovation des écoles » élaboré à destination des élus locaux.

L’argent est, évidemment, le nerf de la guerre. Dans sa récente mission sur le sujet, le Sénat a évalué à 1 million d’euros le coût moyen par chantier engagé. D’où la difficulté pour certaines communes d’initier, suivre et financer ces projets.

Un million d’euros, c’est d’ailleurs le montant moyen - modulé suivant la nature et l’ampleur du chantier - que l’État annonce mettre sur la table pour chaque projet soutenu dans le cadre de son plan de rénovation des écoles depuis janvier 2023.

ÉduRénov : un accompagnement dédié

Avec le programme ÉduRénov, la Banque des Territoires dédie au programme 50 millions d’euros de crédits d’ingénierie pour accélérer le passage de l’idée à l’action et mieux structurer les projets.

Les collectivités ne disposent en effet pas nécessairement des ressources internes et des compétences pour pouvoir réaliser les études en amont et assurer la maîtrise d’ouvrage des travaux. Ce constat est d’autant plus vrai pour les petites collectivités. C’est pourquoi les projets sélectionnés dans le cadre d’ÉduRénov peuvent bénéficier d’un soutien en ingénierie technique et financière. Ils peuvent en outre s’appuyer sur le retour d’expériences de collectivités accompagnées précédemment, avec un centre de ressources dédié au bâti scolaire.

Sont éligibles au programme les bâtiments scolaires publics, mais aussi les espaces dédiés aux temps périscolaires, ainsi que les crèches. Il revient notamment aux préfets et aux directeurs d’académie de repérer et proposer une liste d’établissements prioritaires chaque année. Une attention prioritaire est portée aux projets émanant de quartiers prioritaires de la ville et de zones rurales.

Signature du partenariat (Serge Bayard, directeur général adjoint de la banque de financement et d’investissement et directeur des entreprises et du développement des territoires et Kosta Kastrinidis, directeur des prêts – Banque des Territoires)

D’autres dispositifs de soutien mobilisables

La loi stipule que les subventions publiques ne peuvent pas dépasser 80 % du financement d’un projet porté par une collectivité territoriale, quel qu’il soit. En complément du programme ÉduRénov, d’autres dispositifs peuvent intervenir pour boucler le tour de table financier. Or la recherche de subventions est une démarche qui ne s’improvise pas, et mobilise des ressources et compétences que n’ont pas forcément les collectivités, en particulier celles de petite taille.

Dans le cadre d’un partenariat conclu avec la Banque des Territoires, La Banque Postale réserve aux collectivités bénéficiaires du programme ÉduRénov des conditions privilégiées d’accès à son offre Subzen, solution d’accompagnement à la recherche, au montage de dossiers et à la gestion de subventions. Les projets de rénovation soutenus et financés via ÉduRénov bénéficient ainsi d’un délai de réponse et de devis raccourci, en 48h. Une garantie de recherche de subventions leur est offerte sur 4 mois, montage de dossiers compris, au lieu de 6 habituellement (sous réserve des compatibilités de calendriers entre opérations et financeurs).

Par l’intermédiaire de sa filiale Économie d’Énergie, autre partenaire du programme EduRénov, le Groupe La Poste contribue également au financement des projets soutenus. Cette spécialiste de la facilitation de projets énergétiques apporte en effet son expertise financière aux collectivités concernées. Économie d’Énergie leur propose en outre une valorisation des travaux effectués via les CEE. Ceci depuis l’accompagnement technique et la prise en charge du dossier CEE, jusqu’à la validation et au paiement des primes.

Plusieurs dispositifs de financement publics coexistent enfin pour boucler le financement des projets.

Un peu plus de la moitié des projets soutenus par ÉduRénov a ainsi bénéficié d’un financement complémentaire dans le cadre d’ACTEE+ (pour Action des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Énergétique). Doté d’une enveloppe de 220 M€ jusqu’en 2026, ce dispositif dédié aux collectivités locales repose sur la mobilisation des certificats d’économie d’énergie (CEE). Il permet de réduire les coûts organisationnels et opérationnels en amont des travaux de rénovation réalisés, par exemple pour financer un poste d’économe de flux, ou des audits dans une logique de mutualisation entre collectivités.

Le recours à un tiers financeur est un autre levier de financement activable – quoiqu’en réalité sous-utilisé - par les collectivités, pour la rénovation des écoles. Institué par la loi du 30 mars 2023, le dispositif incite les collectivités et leurs établissements publics à conclure des Contrats de performance énergétique dérogeant au code de la commande publique. Le tiers-financement permet de lisser le financement en faisant appel à un tiers qui garantit la performance énergétique de la rénovation, tout en avançant les fonds nécessaires aux travaux. La collectivité ne rembourse alors qu’à long terme, au fur et à mesure des économies d’énergie réalisées. À la différence des partenariats public-privé (PPP), la collectivité conserve la maîtrise d’ouvrage des projets.

Quant au Fonds vert, un des piliers financiers du programme de rénovation des écoles, il voit son budget réduit de moitié dans le Projet de loi de finances (PLF) 2025. C’est une mauvaise nouvelle pour les collectivités, qui ont bénéficié en 2024 de 500 millions d’euros dédiés à cette cause, sur une enveloppe totale de 2 milliards. L’objectif de 10 000 écoles rénovées pour 2027 pourrait être compromis. Toutefois, il existe de nombreux dispositifs de soutiens territorialisés, proposés par les Départements, les Régions et les fonds structurels européens, selon des modalités locales spécifiques.

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