Droit au but en vue de parvenir à leurs fins du premier coup : c’est la logique, sans scrupules, des escrocs. Pour recueillir en amont le maximum d’informations sur la collectivité visée, tous les moyens sont bons : appel téléphonique, courriel, sites professionnels, réseaux sociaux... La technique de manipulation psychologique utilisée pour soutirer ces informations aux agents est dénommée « ingénierie sociale ». Il s’agit d’obtenir des agents territoriaux qu’ils divulguent de leur plein gré (ou à leurs dépens) des informations confidentielles sur l’organisation de la collectivité, le rôle de chacun dans l’organigramme, les adresses de messagerie, la liste des fournisseurs et des facturations en cours, etc.
Les modes opératoires des fraudeurs sont diversifiés.
La fraude au président est l’escroquerie la plus répandue au sein des administrations territoriales. L’escroc se fait passer pour un élu ou un directeur financier et demande à un agent de la collectivité d'effectuer en urgence un virement important à un tiers. « Les ingrédients d’une fraude au président sont assez repérables. » explique Sophie Fina. « Il s’agit toujours de piéger la victime dans un huis-clos, afin d’obtenir d’elle un virement non planifié, urgent et confidentiel. »
Dans la fraude au RIB, le fraudeur usurpe l’identité d’un fournisseur ou d’une société d’affacturage, pour détourner un paiement à son profit. Concrètement, il s'agit souvent d'un mail de relance sur une facture bien réelle, associée au RIB d'un escroc. Le problème, comme l’a confirmé une décision du Conseil d’État datée d’octobre 2024, c’est que le virement frauduleux ne libère pas la collectivité de son obligation de payer le créancier véritable. La collectivité se trouve dès lors contrainte de payer deux fois la même facture. Et si des recours en justice sont possibles pour obtenir réparation du préjudice subi, notamment en cas de négligence du cocontractant ayant facilité la fraude, ils requièrent des preuves solides à l’appui.