Interview

Reconstruction de l’Hôpital Marie-Lannelongue : faire d’une nécessité une opportunité

En 2025, l’hôpital Marie-Lannelongue du Plessis-Robinson quittera ses anciens locaux pour un nouveau site construit ex-nihilo, adapté à ses besoins actuels et à venir. La Banque Postale co-finance un prêt syndiqué destiné à compléter les fonds propres de la Fondation Hôpital Saint-Joseph, qui porte ce projet de reconstruction. Les précisions de Régis Moreau, directeur général des hôpitaux Saint-Joseph & Marie-Lannelongue.

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Portrait de Régis Moreau

Il est satisfaisant de constater que nos partenaires bancaires suivent une structure sanitaire à but non lucratif comme la Fondation Hôpital Saint-Joseph.

Régis Moreau — Directeur général des hôpitaux Saint-Joseph & Marie-Lannelongue.

Quelles sont les spécialités de l’hôpital Marie-Lannelongue ?

Régis Moreau : « L’hôpital du Plessis-Robinson ne peut être envisagé séparément de son homologue parisien Saint-Joseph. L’ensemble totalise 3 700 salariés et 960 lits et places, pour un chiffre d’affaires de 420 M€ en 2022. Conjointement, les deux établissements offrent des filières de soins coordonnées pour une prise en charge optimum des patients.

L’hôpital Marie-Lannelongue jouit d’un rayonnement national et international dans ses 3 pôles d’excellence : la chirurgie thoracique, la chirurgie cardio-vasculaire et la chirurgie congénitale cœur et poumon des enfants, activité pour laquelle le leadership de l’établissement est reconnu.

La 4e spécialité de l’établissement est la recherche, en partenariat avec Paris-Saclay, 15ème université au monde selon le classement de Shanghai, qui fait référence. Grâce à son gros pôle de recherche, l’Hôpital Marie-Lannelongue s’est montré précurseur dans ses diverses spécialités, avec plusieurs premières dans le domaine des transplantations cardiaques et pulmonaires, et une contribution significative à la renommée scientifique mondiale de Paris-Saclay. »

Quel est l’ancrage territorial de l’établissement, parallèlement aux spécialités qui font sa réputation nationale, voire internationale ?

Régis Moreau : « L’Hôpital Marie-Lannelongue s’intègre effectivement dans un territoire de santé de proximité. Ses équipements de pointe dans le champ du diagnostic (imagerie, biologie, etc.) lui permettent de répondre efficacement aux besoins de santé du département des Hauts-de-Seine.

En soutien aux spécialités qui sont les leurs, nos médecins ont également besoin de support. Un patient qui nous arrive pour une transplantation cardiaque peut ainsi souffrir de diabète ou de problèmes rénaux. D’où l’importance d’activités complémentaires pour une meilleure prise en charge globale des patients et de leurs comorbidités, sans nécessité de transfert. »

Dans quel contexte le projet de reconstruction de l’Hôpital Marie-Lannelongue a-t-il émergé ? Et pourquoi avoir finalement opté pour un déménagement ?

Régis Moreau : « Les bâtiments que nous occupons actuellement au Plessis-Robinson datent des années 70. Scanner, IRM, salles hybrides, intelligence artificielle, chirurgie ambulatoire : les modes de prise en charge des patients ont évidemment beaucoup évolué depuis. Or nos locaux se sont révélés insuffisamment évolutifs. Des travaux en site occupé auraient été complexes, coûteux, et beaucoup plus longs. Nous avons donc pris le parti de reconstruire, à environ 3 km du site actuel. Ceci afin de poursuivre notre développement et de faire évoluer notre outil de travail en réponse à nos besoins actuels et à venir.

D’une nécessité contrainte, le projet a donc été transformé en opportunité. Les capacités d’accueil de l’hôpital restent relativement inchangées. Mais la refonte de l’organisation des flux permettra d’optimiser les parcours de soins, donc d’accueillir plus de patients. »

Quelles sont les caractéristiques des futurs locaux ?

Régis Moreau : « Le futur Hôpital Marie-Lannelongue présentera une surface totale de 30 300 m2. Du fait de son rôle d’établissement de recours dans les spécialités qui sont les siennes, le futur site sera équipé d’une hélistation pour l’organisation du transfert des patients venant de loin ou en urgence vitale. Une fois transféré, l’établissement disposera de 213 lits, de 19 salles techniques et blocs opératoires, de 45 lits en réanimation et soins continus et d’un plateau technique et interventionnel de toute dernière génération. L’hôpital pourra accueillir jusqu’à 11 000 patients par an. »

De quels nouveaux équipements l’établissement bénéficiera-t-il ?

Régis Moreau : « Certains des équipements de l’hôpital ne sont pas déménageables et seront renouvelés. Nous prévoyons également des investissements nouveaux en équipements techniques, suivant un budget distinct de celui de la reconstruction. Des arbitrages sont en cours, en liaison étroite avec Paris-Saclay, pour évaluer nos besoins communs, notamment en termes de recherche et de diagnostic. À terme, l’hôpital possédera des équipements de pointe ainsi que des salles d’opération ultra-modernes, des machines d’imagerie, des robots chirurgicaux et des outils de surveillance avancés.

Sur le nouveau site, un bâtiment sera dédié à nos activités de recherche et de diagnostic. Il abritera nos activités de recherche fondamentale et préclinique, ainsi que les activités de formation aux nouvelles techniques et nouveaux dispositifs médicaux. Car la formation de nos personnels aux nouvelles approches thérapeutiques et aux nouvelles techniques sera centrale, en lien avec nos partenaires industriels. »

En quoi le projet de reconstruction sert-il les objectifs de développement de l’établissement ?

Régis Moreau : « Dans le domaine de la santé, les compétences médicales sont le nerf de la guerre. Pour développer nos équipes et nous attacher les meilleurs praticiens, il faut pouvoir leur proposer une expertise et une renommée, donc un lien avec la recherche et des équipements de très haut niveau.

Les futurs locaux de l’hôpital doivent également lui permettre d’attirer et de fidéliser des salariés. Ils ont été conçus de manière à garantir une meilleure qualité de vie au travail pour les 1 012 salariés présents sur site en continu de jour comme de nuit, et à faciliter l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle, notamment via la prise en charge des enfants du personnel. L’organisation des locaux et leur accessibilité ont été soigneusement pensées. Des locaux témoins, finalisés fin 2023, permettront de vérifier la fonctionnalité des nouveaux bâtiments en termes de qualité de vie au travail. »

Comment le projet est-il financé ?

Régis Moreau : « Le coût du projet de reconstruction s’élève à 173 M€. Ce budget couvre le prix de l’acquisition du terrain, celui de la construction, mais aussi celui des études et des aménagements mobiliers.

Le projet bénéficie d’un co-financement bancaire syndiqué de 70 millions d’euros, d’une durée de 30 ans, de la part de 3 acteurs financiers intervenant en partenariat : la Caisse d’Épargne Île-de-France (qui en est l’arrangeur), Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels et La Banque Postale (qui contribue à hauteur de 19,5 M€).

La reconstruction est financée par ailleurs par la vente de notre terrain actuel et par un plan d’accompagnement financier de l’ARS sur une vingtaine d’années. Le projet bénéficie d’une subvention du département des Hauts-de-Seine, à hauteur de 3 M€, au titre du service sanitaire territorial rendu. La participation de la région au titre de la recherche (qui relève de son domaine de compétence) est actuellement en discussion. Le solde - soit environ 40 M€ - est financé sur les fonds propres de la Fondation Hôpital Saint-Joseph. »

Dans quelles conditions le financement bancaire du projet de reconstruction est-il intervenu ?

Régis Moreau : « Un différé d’amortissement de 4 ans a été proposé par le consortium bancaire. Il a été finement évalué et validé par nos partenaires bancaires, et se traduit par une planification des tirages en fonction du déblocage progressif du montant de la vente de notre terrain, mais aussi en fonction des besoins de disponibilité des fonds pour payer nos fournisseurs en suivant l’avancée des travaux. Les déclenchements et les tirages se trouvent ainsi lissés, de même que les amortissements.

C’est là une vraie facilité, mise en place sur-mesure, qui confère une visibilité adaptée à nos besoins. Et ceci compense largement la complexité de la phase de constitution du dossier, avec près de 250 pièces justificatives requises.

Plus globalement, dans un secteur de la santé très mouvant – financé par l’État à 95 %, suivant des règles du jeu qui changent presque chaque année – il est satisfaisant de constater que nos partenaires bancaires suivent une structure sanitaire à but non lucratif comme la Fondation Hôpital Saint-Joseph. Une structure privée sans actionnaire, reconnue d’utilité publique et participant pleinement à sa mission de santé publique, dont l’activité est censée couvrir 100 % des charges et dont 100 % des excédents sont réinvestis dans le cœur de métier et l’outil de production.

Nous sommes conseillés et accompagnés dans nos investissements et c’est particulièrement appréciable, d’autant que le maintien « à flot » de nos matériels et équipements nécessite a minima 10 M€ d’investissements annuels. »

Quel est l’échéancier du projet dans les mois à venir ?

Régis Moreau : « Les travaux ont démarré en janvier 2023, ils sont en cours. Nous sommes dans le timing, à trois jours près. La fin des travaux est prévue pour l’été 2025, avec une réception de ceux-ci en septembre, et un déménagement effectif en octobre-novembre 2025.

Je rends hommage au dynamisme dont a fait preuve la mairie du Plessis-Robinson, qui s’est beaucoup investie pour expliquer le projet aux habitants, contribuant largement à son déploiement dans un délai record.

Entre le choix du terrain en 2021 et la livraison des locaux en 2025, il se sera écoulé moins de cinq années. »

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