Un an après : le prêt vert aux collectivités récompensé

Un an après son lancement, l’offre de prêt vert conjointe Banque Postale/SFIL rejoint les préoccupations d’une part croissante de collectivités mobilisées pour la transition écologique. Tout juste récompensé au salon Produrable, ce succès fait écho aux attentes des Français en faveur d’une relance verte post-COVID. Premier bilan avec Laurent Gautier-Falret, responsable du marché Collectivités locales à La Banque Postale, Paul Madjarian, responsable de l’offre de financement Secteur public à La Banque Postale et Ralf Berninger, responsable de la relation investisseurs chez SFIL.

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Qu’est-ce qu’une obligation verte ?

Ralf Berninger : La première émission verte a été lancée par la Banque Mondiale en 2008. Les premières années, ce marché était un marché de niche, réservé à des investisseurs spécialisés. C’est sur les cinq dernières années que ce segment a connu un réel essor. Avec près de 200 milliards d’euros d’émissions vertes en 2019, ce marché a connu une croissance très rapide, avec une hausse en volume de 51% par rapport à 2018.

Le principe est resté le même : une émission verte offre la possibilité à des investisseurs de contribuer au financement d’investissements verts, sans pour autant porter le risque associé à ces financements. En effet, l’émetteur de l’obligation verte est celui qui s’engage à utiliser le produit de l’émission pour financer des projets verts, sans en transférer le risque à l’investisseur.

Dans ce contexte porteur, les prêts verts de La Banque Postale ont été lancés en mai 2019. L’offre a-t-elle rencontré le succès escompté ?

Laurent Gautier-Falret : Plus de 700 millions d'euros de prêts verts ont été mis en place auprès des collectivités. Le déploiement de l’offre a donc été très rapide : elle répondait à une attente profonde de nombreuses collectivités locales et n’a pas d’équivalent aujourd’hui sur le marché.

Les projets financés sont majoritairement portés par le bloc communal : les communes, les groupements à fiscalité propre et les syndicats de collectivités. Cet échelon porte de nombreuses compétences en lien avec la transition écologique : la gestion durable de l’eau,  la valorisation des déchets et le développement des transports en commun propres.

En nombre, deux tiers des projets financés portent d’ailleurs sur l’eau et l’assainissement. En revanche, les montants les plus importants concernent le traitement des déchets et les transports.

Plus de 700 millions d'euros de prêts verts ont été mis en place auprès des collectivités"

Quels types de projets ont été financés ?

Paul Madjarian : Les prêts verts ont vocation à financer des actifs de long terme. L’essentiel des contrats souscrits jusqu’ici (plus de 80%) l’a d’ailleurs été pour une durée supérieure à 20 ans. Les actifs financés ont une durée de vie technique très longue, parfois supérieure à 50 ans.

Dans le détail, les projets financés sont très divers en termes de taille et d’objet.  Le premier prêt vert a été fait avec la communauté de communes du Val Eyrieux pour un projet damélioration de l’approvisionnement en eau pour 500 000 €. Les prêts verts de La Banque Postale ont également été utilisés, par exemple, pour le financement des deux lignes de tramway pour la communauté urbaine de Caen-la-Ville, de la rénovation de l’éclairage public de la ville de Saint-Étienne ou encore l’extension du réseau de géothermie du Smirec, le syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique de Seine-Saint-Denis.

Quel bilan dresser de l’émission de green bonds associée à ce type de prêt ?

Ralf Berninger : Notre première émission verte a été lancée par CAFFIL sous format d’obligations foncières en novembre 2019 avec pour caractéristiques primaires une maturité de 10 ans et un volume 750 millions d’euros. Ce fut, en France, la toute première obligation sécurisée du secteur public, exclusivement dédiée au financement d’investissements verts des collectivités locales. Cette transaction a été très bien accueillie par les investisseurs, avec un livre d’ordres atteignant un volume supérieur à 3 milliards d’euros et une participation variée de 103 investisseurs. Il est intéressant de noter qu’une part conséquente de ces investisseurs était spécialisée dans l’investissement durable.

Quelles perspectives se dessinent-elles pour cette offre de prêt vert ?

Ralf Berninger :  Le prêt vert met à la portée de toutes les collectivités, notamment les plus modestes d’entre elles, un véhicule de financement leur permettant de se refinancer via un green bond. Cette possibilité n’était jusqu’ici à la portée que de quelques régions et départements.

Laurent Gautier-Falret : L’offre a trouvé sa place et se différencie. Elle est appréciée, recherchée et répond à des besoins croissants. Les élections municipales 2020 l’ont montré : de réelles préoccupations environnementales se font jour parmi les Français, en tout cas à l’échelon local.

Si l’on peut s’attendre à une période de latence, le temps que les nouveaux exécutifs du bloc communal formalisent leurs projets d’investissement, nous tablons sur une accélération du verdissement des projets portés par les collectivités territoriales, cela quel que soit le couleur politique des élus.

Quel sera l’impact de la nouvelle taxonomie concernant les activités durables ?

Paul Madjarian : Fin mars 2020, une nouvelle réglementation européenne a en effet été validée, réformant la taxonomie des actifs « verts ». De nouveaux critères et seuils à respecter, plus stricts, définissent les classes d’actifs éligibles à cette appellation. La Banque Postale va bien entendu, d’ici à fin 2020, ajuster ses critères d’éligibilité aux prêts verts en conséquence. La contraction du marché qui pourrait en résulter sera temporaire, la tendance continuant d’être au verdissement des projets. Nous souhaitons par ailleurs mettre nos prêts verts à la portée de nouvelles typologies de structures : les entreprises publiques locales, les bailleurs sociaux et au-delà les entreprises.

La Banque Postale récompensée pour son offre de prêt vert

Comme chaque année, le Groupe La Poste et La Banque Postale ont participé à PRODURABLE, le plus grand rendez-vous européen des acteurs et des solutions de l’économie durable, organisé en partenariat avec le Ministère de l’Ecologie. Cette 13ème édition avait pour thème “Sobriété, Solidarité, Prospérité... pour un New Deal Européen”.

Ce 7 septembre, La Banque Postale a remporté le Grand Prix de la Responsabilité Sociétale de la Marque RSM® dans la catégorie Coup de cœur Jury pour son offre de prêt vert aux collectivités.

Organisée par PRODURABLE et LINKUP FACTORY, Ce prix récompense les entreprises jouant un rôle majeur dans la transcription de leur stratégie RSE dans leurs produits et services. C’est donc une belle réussite pour le prêt vert aux collectivités, un an après son lancement.

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