Déchets Objectif : 100% de valorisation

Syndicat mixte à compétence unique, le SITCOM Côte Sud des Landes mène une politique ambitieuse de valorisation des déchets. Un programme assorti d’investissements structurants, en partie financés par La Banque Postale, que nous détaille Thomas Vachey, directeur du SITCOM.

Quels sont les enjeux auxquels le SITCOM Côte Sud des Landes est confronté en matière de gestion de déchets ?

Le SITCOM couvre un territoire vaste – d’environ 2000 km2 – et traite les déchets de 96 communes (regroupées en 5 communautés de communes et d'agglomération), à cheval sur le Pays Basque et le quart sud-ouest des Landes. La particularité de ce territoire est qu’il comprend une grande frange côtière, accueillant des flux touristiques importants durant l’été. La population couverte double durant la saison – de 175 000 résidents à l’année à 350 000 habitants en saison. Cette situation impacte bien sûr les tonnages collectés. Mais aussi les nécessaires fluctuations de l’organisation du tri, les touristes n’étant pas les meilleurs trieurs. L’attention se relâche durant les vacances et les consignes n’étant pas les mêmes d’une région et d’un pays à l’autre, le tri opéré par les vacanciers est moins précis.

Comment le tonnage de déchets collectés évolue-t-il sur le territoire ?

Le SITCOM collecte et traite 290 000 tonnes de déchets par an, toutes catégories confondues (ordures ménagères, collecte sélective, collecte des déchetteries, déchets professionnels). Un tonnage en légère augmentation depuis 10 ans, principalement du fait de la hausse du produit de la collecte sélective. Les ordures ménagères résiduelles – donc non triées par les habitants - sont, elles, à la baisse, ce qui est encourageant.  Les gestes de tri sont de mieux en mieux assimilés. Et les déchets collectés en déchetterie sont autant d’ordures de moins, déversées dans les fossés ou au fond des forêts !

Comment ces déchets sont-ils traités et valorisés ?

Il est certain que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Mais la réalité est que la quantité de déchets générés augmente. Mieux vaut dans ces conditions qu’ils soient déposés, triés et traités dans nos installations. Car nous maîtrisons parfaitement quelque 25 filières de valorisation différentes.

En 2018, nous valorisions environ 75% des déchets collectés, toutes provenances confondues. Ce qui signifie que sur 100 tonnes de déchets collectés, 75 tonnes sont actuellement recyclées, transformées en énergie (électricité notamment) ou en amendement organique. Les 25 tonnes restantes sont constituées de déchets inertes -gravats, matériaux de démolition… - majoritairement produits par les professionnels et jusqu’ici stockés sur des sites dédiés.

Identifier de nouvelles filières de valorisation pour valoriser davantage et enfouir moins est l’une de nos priorités. À compter de janvier 2020, le SITCOM va ainsi cesser d’enfouir les déchets inertes. Ceux-ci seront triés, concassés et criblés pour en faire des granulés pouvant servir de matériaux de remblais de chaussée en substitution des matériaux de carrière, donc de ressources naturelles. Nous allons très prochainement dédier à cette activité une nouvelle unité, qui traitera quelque 50 000 tonnes de déchets inertes par an, soit 17% de notre collecte totale.

Le SITCOM s’est récemment équipé d’une plateforme multi-matériaux. Quel en est la vocation ?

L’activité principale de cette plateforme est le compostage de déchets verts broyés. Le compost que nous produisons est agréé pour une utilisation en agriculture bio. Ce dont nous sommes fiers : il est assez rare qu’un déchet puisse donner naissance à un produit de haute qualité.

La seconde activité de la plateforme est la valorisation du bois (palettes, souches d’arbres, rondins…) qui, concassé, est transformé en plaquettes pour alimenter les chaudières biomasse. Avec à la clé des usages très divers, du groupe industriel du Bassin de Lacq à la petite chaudière alimentant le spa local…

La troisième activité de la plateforme est la maturation des mâchefers. C’est-à-dire des imbrûlés de notre unité de valorisation énergétique qui produit, à partir d’ordures ménagères, l’équivalent de la consommation électrique d’une ville de 35 000 habitants. Ces mâchefers sont recriblés et retraités dans un bâtiment d’1,4 ha couvert de panneaux photovoltaïques, pour être valorisés sous forme de matériaux de chaussée et de sous-couche routière.

Quels sont vos objectifs à moyen et long terme au service de la transition écologique ?

Nous souhaitons d’abord faire en sorte que le volume de déchets produits soit le plus faible possible. C’est tout l’objet de nos actions de sensibilisation et d’information sur la seconde vie des déchets, formalisées au sein d’un programme local de prévention des déchets dont les cibles sont à la fois les résidents, mais aussi les scolaires, les touristes et les entreprises…

 Notre second objectif est de développer sans cesse de nouvelles filières de valorisation. Ceci afin d’augmenter la part de nos déchets recyclés ou valorisés. Notre taux de valorisation devrait atteindre 85% dès 2020, avec un objectif de 100% à terme. Ainsi d’ici à 2022, de nouveaux flux de plastiques (comme les pots de yaourts ou les barquettes plastiques) intégreront notre collecte sélective pour être recyclés.

Conférer au déchet un statut de produit, c’est un enjeu fort.

Quelle est la place de l’emprunt dans le financement de vos projets ?

Elle est majeure. Le SITCOM investit en moyenne 5 M€ chaque année. A titre exceptionnel, entre 2012 et 2017, c’est même 100 M€ qui ont été investis pour la construction de notre Unité de Valorisation Énergétique (UVE) et la modernisation de notre plateforme multimatériaux. Dans un tel contexte, l’atteinte de nos objectifs est très directement liée au soutien reçu des organismes financiers. Augmenter la valorisation de nos déchets n’est concrètement possible qu’avec le support de prêts performants. D’où l’importance d’une relation de confiance avec des partenaires bancaires qui croient dans la pertinence de nos projets.

La Banque Postale accompagne ce programme d’investissement par le biais d’un prêt vert. Quel est l’intérêt de ce type de prêt selon vous ?

La Banque Postale nous accompagne non sur un investissement particulier, mais en soutien à notre politique globale. La possibilité de bénéficier d’un prêt vert de 2,5 millions d’euros a été une bonne surprise, nous offrant la possibilité d’une cohérence de bout en bout dans notre démarche. Avec le prêt vert, c’est en quelque sorte l’écologie qui finance l’écologie. Il se crée par cet intermédiaire une émulation autour de projets environnementaux entre ceux qui financent, ceux qui sont financés et ceux qui permettent que ces financements existent. C’est un cercle vertueux tout à fait intéressant, dans un contexte où la préservation de notre Planète et de ses ressources fait l’objet d’une prise de conscience générale.

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