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Le dépôt à terme vert, un placement innovant et responsable : l’exemple de Seqens

Bailleur social engagé, Seqens l’est aussi dans l’innovation financière au service d’une transition juste. Repensant les excédents de trésorerie comme un levier d’action pour contribuer concrètement à un monde décarboné, le bailleur social a collaboré avec La Banque Postale pour la création d’un dépôt à terme (DAT) vert. Les explications de Stéphane Dauphin, directeur général, Sarah Digonnet, directrice Engagement sociétal et Innovations et Laurent Lamotte, directeur du Pôle Trésorerie de Seqens.

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Portrait de Stéphane Dauphin

Seqens et La Banque Postale partagent une communauté d’esprit assez forte, autour d’une même volonté d’incarner leur raison d’être de sociétés à mission. Collaborer avec La Banque Postale, c’est travailler avec un acteur à l’ancrage très fort dans les territoires.

Stéphane Dauphin — Directeur général de Seqens

Seqens est une entreprise à mission. En quoi cette mission s’illustre-t-elle dans ses choix d’outils de financement ?

Stéphane Dauphin : « Seqens est une Entreprise Sociale pour l’Habitat. « Entreprise » et « social » ne sont pas deux mots antinomiques. Notre utilité sociale est forte. Il s’agit de loger les plus modestes, et notamment parmi les salariés les plus modestes. Notre statut d’entreprise à mission guide en effet nos choix de modèle économique et nos choix d’investissement. Nous nous devons d’être un acteur économique responsable, avec la performance économique au cœur de nos missions et de notre stratégie d’entreprise. Et la performance sociétale est positionnée au même niveau de priorité. »

Sarah Digonnet : « Notre raison d’être consiste à « Donner à chacun sa chance en innovant pour l’habitat ». Le moyen d’action que nous avons identifié pour nourrir notre engagement sociétal est donc l’innovation, sous toutes ses formes. L’innovation financière, qu’il s’agisse des montages financiers à inventer ou des relations à développer avec nos parties prenantes, fait pleinement partie de l’ADN porté par notre raison d’être. »

Qu’est-ce qu’un dépôt à terme vert et en quoi sa logique correspond-elle aux besoins et aux objectifs de Seqens ?

Laurent Lamotte : « Comme société d’HLM, Seqens est tenue de faire des placements de catégorie 1, émis ou garantis par un État membre de l’Union européenne. Le dépôt à terme (DAT) vert répond parfaitement à cette définition. Il s’agit d’un placement permettant de faire fructifier des excédents de trésorerie pour quelques mois, avec pour objectif de soutenir des investissements dans des projets écologiques ayant un impact bénéfique sur l’environnement.

Pour en comprendre l’enjeu, il faut recourir à un exemple. Pour réaliser un film de cinéma et obtenir les subventions publiques à cet effet, il faut montrer patte blanche sur les critères de décarbonation. Dans un avenir très proche, nous serons, en tant que SA d’HLM, soumis à une obligation similaire. Nos enjeux sociétaux et environnementaux seront regardés à la loupe par nos partenaires financiers. Et ces derniers ne nous financeront qu’à hauteur de notre capacité à décarboner. »

À quelle fin et dans quel cas de figure Seqens a-t-il recours aux dépôts à terme ?

Laurent Lamotte : « Les placements financiers n’entrent pas dans nos missions et ne constituent pas un objectif premier. Seqens fait toutefois appel aux dépôts à terme pour placer ses excédents de trésorerie ponctuels à très court terme – quelques mois. De par sa souplesse, le DAT répond parfaitement à nos besoins. »

Pourquoi et comment Seqens s’est-il porté candidat pour collaborer à l’élaboration et à l’expérimentation DAT Vert de La Banque Postale ?

Laurent Lamotte : « C’est Seqens qui est à l’initiative d’une proposition faite à La Banque Postale d’élaborer cette solution de placement. Nous en sommes assez fiers. Tout a démarré avec l’arrivée de Sarah Digonnet, qui a challengé tous les responsables de périmètre de Seqens, dans leurs domaines de compétence respectifs. En tant que directeur du pôle Trésorerie de Seqens, je me suis demandé comment contribuer aux engagements pris par l’entreprise dans mon domaine de compétence. De cette réflexion est née l’idée de créer un placement vert de court terme dédié aux organismes HLM : un produit jusqu’ici inexistant sur le marché. Idée que nous avons soumise à La Banque Postale, avec un répondant immédiat. ­»

Quelle a été la démarche suivie pour cette co-collaboration ?

Laurent Lamotte : « Notre nouvelle conseillère La Banque Postale s’est montrée très à l’écoute de nos envies. Par son intermédiaire, nous avons pris rendez-vous avec la Banque de Financement et d’Investissement (BFI) à La Banque Postale, pour voir si le projet avait des chances d’aboutir. Il nous a été répondu que créer un dépôt à terme vert dédié aux acteurs du logement social était une chose possible, et que ce serait une première. La faisabilité du projet ayant été confirmée, nous avons travaillé conjointement à l’élaboration de deux DAT, à visée sociale et environnementale. »

En quoi ce nouveau placement sert-il le projet de Seqens comme entreprise à mission ?

Sarah Digonnet : « Sur le sujet régalien qu’est le logement, nous portons des enjeux sociaux forts, qui s’expriment dans notre statut d’ESH, dans notre appartenance au secteur de l’économie sociale et solidaire, dans notre raison d’être et dans nos objectifs de mission. Par ailleurs, en tant qu’acteur du logement, nous avons conscience de notre impact sur l’environnement. Pouvoir flécher nos flux de trésorerie pour soutenir des acteurs mobilisés contre le changement climatique - associations, fondations, startups à impact - est un levier supplémentaire par rapport ànotre propre stratégie climat. La politique de construction, réhabilitation, exploitation de notre parc est évidemment la part la plus importante dans notre bilan d’émission de GES. Mais il existe un vrai enjeu complémentaire dans le fait d’embarquer notre écosystème. »

Quelles sont les sommes placées sous forme de DAT vert par Seqens, en 2024, et avec quelles orientations ?

Laurent Lamotte : « Nos filiales ont d’emblée été associées au projet. Le DAT vert devait  avoir la capacité de répondre aux besoins différenciés des diverses entités du groupe, d’envergures très variables. Le DAT vert permet aujourd’hui d’embarquer Adlis, notre entité dédiée au logement étudiant, pour un volume d’1 million d’euros. Seqens Accession a souscrit, par ailleurs, deux tickets de DAT vert de respectivement 3 millions et 2 millions d’euros sur des horizons différents. Seqens avait initialement placé 2 millions, et a ensuite eu la possibilité d’obtenir un second ticket de 15 millions d’euros. »

Il est prévu qu’un rapport sur l’impact des titres émis soit publié annuellement. Quelles garanties apporte cedocument pour Seqens ?

Portrait de Sarah Digonnet

La Banque Postale s’engage à nous fournir le détail des sommes investies et de leur utilisation.

Sarah Digonnet — Directrice Engagement sociétal et Innovations de Seqens

Sarah Digonnet : « La Banque Postale s’engage à nous fournir le détail des sommes investies et de leur utilisation. Cette restitution était une de nos exigences. Loin de se limiter aux intentions, nos engagements englobent en effet l’action et la mesure, pour en évaluer l’impact. Ceci vaut pour toutes nos actions. Le DAT vert ne fait pas exception : nous devons pouvoir rendre compte de nos investissements. »

Stéphane Dauphin : « Le rapport fourni par La Banque Postale rend compte de la destination des fonds investis, de leur utilisation et de leur impact social et environnemental. Il est certifié par un organisme tiers indépendant. C’est évidemment indispensable pour nous. Au-delà de nos obligations légales et de nos engagements, les exigences de preuves de la part de nos actionnaires et de nos instances de gouvernance sont fortes. Nous nous inscrivons dans une logique de transparence et d’amélioration continue à travers différents leviers, dont le DAT vert. »

Quel est l’historique de relation entre Seqens et La Banque Postale ? Quelles proximités de convictions et d’engagement vous reconnaissez-vous ?

Laurent Lamotte : « Nous travaillons depuis très longtemps avec La Banque Postale : elle nous a toujours accompagnés pour le financement de nos projets. En revanche, au niveau des flux financiers, nous ne travaillions que peu ensemble jusqu’ici. L’arrivée d’une nouvelle conseillère, qui a su nous écouter, et la création du DAT vert ont instauré une dynamique assez forte entre nous. Nous allons plus loin aujourd’hui, avec d’autres projets communs forts, comme le déploiement de nouveaux moyens d’encaissement de nos loyers. »

Stéphane Dauphin : « Seqens et La Banque Postale partagent une communauté d’esprit assez forte, autour d’une même volonté d’incarner leur raison d’être de sociétés à mission. Collaborer avec La Banque Postale, c’est travailler avec un acteur à l’ancrage très fort dans les territoires. Cette présence au quotidien auprès des Français, sur tout le territoire, est ce qui fait la force de frappe du groupe La Poste de manière plus générale. Or, notre métier est également très lié aux territoires, aux relations tissées au quotidien avec leurs habitants et leurs élus. Cela fait donc totalement sens de collaborer à l’élaboration de cette solution de placement avec La Banque Postale. »

Seqens Accession : « Une démarche intéressée et intéressante »

Filiale de Seqens dédiée à la commercialisation de programmes neufs d’accession sociale à la propriété, Seqens Accession est également embarquée dans la démarche du Dépôt à terme vert. Ses coopérateurs, représentatifs d’une nouvelle génération d’acquéreurs en Bail Réel Solidaire, se montrent en effet sensibles à la dimension sociétale de son action. Pour Patrick Ropert, directeur général de Seqens Accession, il s’agit d’anticiper l’adoption probable de ce type de financement comme obligation de droit commun.

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