Quelles tendances concernant le financement des collectivités en 2019 et en 2020 ?

En 2019, les collectivités territoriales ont pu financer leurs projets dans des conditions particulièrement favorables. C’est ce dont attestent deux études récemment publiées : l’Observatoire des financements 2019 du cabinet Orféor et l’étude Finance Active 2020. Décryptage avec Laurent Gautier-Falret, responsable du marché des Collectivités Territoriales à La Banque Postale.

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Laurent Gautier-Falret, responsable du marché collectivités locales de La Banque Postale.

Quelle a été l’évolution de la demande d’emprunt en 2019 de la part des collectivités territoriales ?

À l’approche de la fin du mandat municipal, les dépenses d’investissement ont progressé. C’est là une mécanique classique, qui se traduit par une demande de financement accrue en fin de cycle électoral. En 2019, nous avons constaté une demande de prêts moyen long terme en hausse de 20% par rapport à 2018. Les demandes émanent majoritairement des communes et des intercommunalités. 

 

Les deux études concordent sur une concentration du marché du côté des prêteurs. Comment expliquer ce phénomène ? 

Depuis 2015, les banques traditionnelles du secteur public (dont La Banque Postale, naturellement) apportent l’essentiel des financements aux collectivités locales. 

L’amélioration des conditions financières proposées aux collectivités locales a amené plusieurs acteurs opportunistes, notamment étrangers, à se désintéresser du secteur. Ainsi, avec une inflation de 1,4%, les taux d’intérêt réels(1) pratiqués ont été négatifs en 2019. Finance Active relève ainsi que les trois quarts des emprunts ont pu être souscrits par les collectivités à des taux inférieurs à 1%. 

En dépit de ce retrait de quelques établissements, le taux de couverture des besoins(2) est resté élevé selon Orféor, à plus de 400% en 2019. Sauf exceptions, la plupart des collectivités ont réussi à boucler leurs emprunts sans difficultés. 

 

Le leadership de La Banque Postale est confirmé, avec environ 25% de part de marché.

Dans ce paysage, quelle est la place de La Banque Postale ?

Le leadership de La Banque Postale est confirmé, avec environ 25% de part de marché. Incontournable dans les consultations, elle présente globalement une offre compétitive et bien adaptée aux attentes des collectivités. Premier prêteur bancaire aux collectivités depuis 2015(3), La Banque Postale occupe auprès d’elles une place singulière. Elle accompagne toutes les collectivités, quelle que soit leur taille, y compris les plus petites. Un engagement citoyen qui fait de La Banque Postale le premier intervenant bancaire à rendre les prêts verts accessibles aux collectivités en 2019, en partenariat avec SFIL. 

 

En termes d’offres de prêt, quels sont été les choix opérés par les collectivités en 2019 ?

Dans un contexte de taux longs très bas, 75% des offres de prêt retenues sont à taux fixe(4). Ce choix massif du taux fixe – il est même de 90% à La Banque Postale - sert l’objectif de stabilité des charges financières dans un contexte d’encadrement des dépenses de fonctionnement.

En ce qui concerne les durées d’emprunt, les emprunts à 15 ans sont délaissés au profit de durées plus longues. Profitant des taux bas, les collectivités emprunteuses ont souscrit plus de la moitié de leurs emprunts sur des durées de plus de 20 ans, ce qui leur permet d’élargir leurs marges de manœuvre et de financer des équipements structurants(5). Les durées d’amortissement supérieures à 30 ans restent l’apanage de la Banque des Territoires.

 

Cette situation exceptionnelle à bien des égards nous a amenés à proposer à nos clients une enveloppe de soutien exceptionnelle pour conforter leur trésorerie.

En ce début d’année 2020, quelles sont les attentes des collectivités ?

Les débuts d’année sont traditionnellement calmes. Cette année, la tendance se trouve accentuée par la tenue du premier tour des élections municipales. Mais un mouvement inverse s’opère en lien avec la crise du COVID-19, qui place la trésorerie des collectivités sous tension et crée de nouveaux besoins de financement, notamment à court terme. Durant le confinement, les collectivités cumulent en effet des pertes de recettes en provenance des usagers (cantines scolaires et crèches par exemple) et des pertes de recettes fiscales telles que la taxe de séjour ou, à terme, les droits de mutation. Les besoins de financement induits sont d’autant plus importants que nombre de collectivités s’efforcent de soutenir leurs fournisseurs en les payant plus rapidement. Cette situation exceptionnelle à bien des égards nous a amenés à proposer à nos clients une enveloppe de soutien exceptionnelle pour conforter leur trésorerie. 

 

Comment va évoluer le financement des collectivités locales dans les mois et années à venir ?

Ma conviction est que l’emprunt va redevenir un objet d’attention politique. Lors de la crise de 2008-2011, les responsables politiques se sont  mobilisés sur la question du financement pour s’assurer que leurs projets puissent être mis à exécution.  

De manière plus structurelle, une nouvelle attente s’exprime parmi les citoyens en faveur d’une approche différente de la dette, avec davantage de lisibilité et de responsabilité. De ce fait, les collectivités devraient continuer à opter pour des financements engagés comme les prêts verts et le financement participatif. 

 

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(1) Taux d'intérêt auquel on soustrait l'inflation

(2) Rapport entre le cumul des montants proposés par les différents prêteurs et le montant souhaité par la collectivité

(3) Finance Active et Orféor

(4) Finance Active 2020

(5) Finance Active 2020