À Marseille, l’hôpital public affronte la crise et prépare demain

Comment absorbe-t-on le choc d’une pandémie lorsqu’on est le Centre hospitalo-universitaire (CHU) d’une métropole de près de 2 millions d’habitants, donc en toute première ligne ?

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Jean Olivier Arnaud - directeur général de l’AP-HM (Assistance publique – Hôpitaux de Marseille)

Jean-Olivier Arnaud, le directeur général de l’AP-HM, qui gère les établissements publics marseillais (Timone, Conception, Hôpital Nord et hôpitaux Sud), n’oubliera pas de sitôt l’afflux massif de patients au mois de mars, et les efforts déployés par les équipes pour s’y adapter dans l’urgence. « C’était un phénomène jamais vu dans l’hôpital public, raconte-t-il. Pour y faire face, nous avons déprogrammé des interventions et mis en place une gouvernance de crise rapide, souple et concertée, qui nous a permis de répondre à tous les défis : d’accueil, d’organisation, de formation, d’approvisionnement... »

Grâce à cette mobilisation générale, l’institution a pu « tenir le choc ». Et gagner de l’expérience pour affronter, à l’automne, la deuxième vague de l’épidémie. Cette fois, plus possible de déprogrammer autant d’opérations : les soignants doivent gérer à la fois les patients Covid et les activités non moins essentielles de chirurgie cardiaque, neurochirurgie, traumatologie… « Nos équipes sont endurantes mais fatiguent un peu, constate Jean-Olivier Arnaud à la mi-novembre. Et l’absence de perspective de sortie de crise est anxiogène. Cette deuxième vague est pour l’instant quantitativement similaire à la première, mais psychologiquement plus difficile. »

L’AP-HM fait front, en attendant le moment de pouvoir souffler. Et de pouvoir à nouveau se tourner vers l’avenir. Juste avant la crise, en février 2020, l’institution marseillaise a reçu le feu vert du Copermo (Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers) pour son vaste plan de modernisation, très attendu localement, prévu pour rénover en profondeur des infrastructures datant des années 1970. « L’objectif premier est de moderniser, standardiser et agrandir les unités de soin, pour s’adapter au « virage ambulatoire » de l’hôpital en France, précise Jean-Olivier Arnaud. En parallèle, nous prévoyons de baisser de 10 % le nombre de lits, d’augmenter le confort des chambres avec notamment plus de chambres à un seul lit, et d’étendre le nombre de locaux dédiés à la recherche et à l’enseignement. » Côté bâtiments, le plan prévoit surtout de rénover l’existant, mais aussi de construire un nouvel hôpital à la Timone, pour la maternité et la pédiatrie. La crise de la Covid-19 amènera sûrement à amender certains aspects du projet, estime Jean-Olivier Arnaud : « Il faudra tirer les leçons de la pandémie, sur des questions comme l’hygiène, le traitement de l’air, les procédures de désinfection, la possibilité d’étendre notre capacité en cas de hausse rapide du nombre de patients... »

C'est un bon partenaire, très dynamique et qui a démontré sa volonté et sa capacité à s'intéresser aux investissements du service public hospitalier.

Le chantier, qui devrait s’achever en 2026, coûtera entre 350 et 400 millions d’euros, tous frais compris. L’État et les collectivités locales en financeront la majeure partie. Pour le reste, l’AP-HM aura recours à l’emprunt bancaire. La Banque Postale en tant que partenaire historique sera sollicitée pour y  participer. « Cette banque nous accompagne depuis plusieurs années, notamment comme relais de trésorerie via un contrat d’affacturage, explique le directeur général. C’est un bon partenaire, très dynamique et qui a démontré sa volonté et sa capacité à s’intéresser aux investissements du service public hospitalier. »

 

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