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Hippocad : des solutions innovantes au service des financeurs de l’action sociale

Depuis 2007, Hippocad déploie des solutions technologiques pour optimiser le suivi des plans d’aide des collectivités territoriales et autres donneurs d’ordre de l’action sociale. Désormais filiale de Domiserve et intégrée au groupe La Banque Postale, la start-up vient élargir l’offre dédiée au secteur des services à la personne. Entretien avec Madjid Hamici, fondateur et Directeur général d’Hippocad.

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Quelle est la spécificité du métier d’Hippocad dans le champ de l’action sociale ?

Madjid Hamici, fondateur et Directeur général d’Hippocad.

Hippocad se définit comme le tiers numérique de confiance des financeurs de l’aide sociale à domicile. Créée en 2007, l’entreprise est un opérateur de technologies dans le domaine des Services à la Personne, centré sur le maintien à domicile des personnes les plus vulnérables.

Nous fournissons à nos clients des solutions de suivi d’effectivité des plans d’aides, de partage et d’échanges d’informations entre les donneurs d’ordres et les prestataires, et des services de coordination des acteurs.

Chez Hippocad, nous sommes convaincus que dans un contexte de besoins croissants induits par le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de personnes dépendantes, mais aussi du fait de la diminution des ressources (humaines, financières) disponibles, l’innovation technologique est un des leviers pour rendre plus efficiente la prise en charge des personnes aidées à domicile. 

Qui sont vos clients ? Quels sont leurs besoins ?

Nos solutions s’adressent aux donneurs d’ordres et principalement aux Départements, compétents dans le champ de l’aide sociale. Elles ciblent aussi d’autres types de donneurs d’ordre, comme les caisses de retraite, les instituts de prévoyance ou les mutuelles, qui ont inclus des services d’aide à la personne à leurs contrats. Nos solutions font le lien avec les prestataires des services d’aides et de soins à domicile.

Il faut rappeler que les Départements ont la compétence pour gérer les dispositifs d’aide aux personnes vulnérables (comme l’APA, la PCH). Dans ces domaines, les enjeux économiques sont majeurs : à l’horizon 2040, le nombre de bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) augmentera de 63 % pour avoisiner les 2 millions de personnes aidées et son coût doublera, atteignant les 11,2 milliards d’euros(1).

Dans ce contexte, l’intermédiation numérique est un des leviers essentiels pour simplifier les interactions entre les donneurs d’ordre et les prestataires et sécuriser la gestion de ces aides jusqu’au paiement.

Concrètement, comment fonctionnent les solutions de suivi d’effectivité des plans d’aide Hippocad ?

Notre principale solution, ASAPRO, permet de suivre ce qui se passe à domicile pour vérifier que les aides attribuées sont bien utilisées. Auparavant le Département payait « en financeur aveugle » les 350 euros d’aide mensuelle alloués à Mme X., personne aidée à domicile, sans vérifier que les 20h mensuelles dont elle dispose ont effectivement été réalisées suivant le plan d’aide prévu. Avec ASAPRO, le donneur d’ordre sait quelles interventions ont été réalisées, quand et par qui.

Par quels moyens ?

Très simplement : l’intervenant s’identifie en utilisant le téléphone présent au domicile de la personne aidée, grâce à un code personnel. Ou bien l’intervenant utilise une application embarquée sur son mobile et laisse un tag NFC au domicile de la personne aidée, ce qui permet d’identifier cette dernière.

Quels sont les avantages des solutions de télégestion d'Hippocad pour une collectivité territoriale ?

À ce jour, 15 Départements ont retenu notre offre ASAPRO pour piloter leurs dispositifs d’aide aussi bien en APA qu’en PCH. Nous avons pu mesurer le retour sur investissement – très rapide – dont ils ont pu bénéficier. En moyenne, on constate une baisse des paiements réels de 7% par rapport à ce qui était antérieurement payé. Seules les prestations réalisées sont effectivement payées. Le retour sur investissement est donc immédiat et la collectivité peut redéployer des moyens humains sur des fonctions à plus forte valeur ajoutée.

Notre offre prend très bien en compte les besoins de chaque acteur de l’écosystème : nous nous engageons à déployer la solution sur l’ensemble des personnes aidées et auprès de toutes les structures d’aides à domicile. Dans des délais courts, les processus de gestion sont donc harmonisés grâce à la dématérialisation complète des échanges de données. 

Au-delà de cette plateforme de télégestion, quelles autres solutions Hippocad propose-t-elle aux collectivités ?

Nos innovations technologiques sont portées par un plan de R&D important qui nous permet de préparer les solutions du futur, répondant aux changements qui arrivent.

C’est ainsi qu’en coopération avec l’INRIA, nous avons développé une nouvelle offre de boitier numérique à domicile, baptisée « HumansBox ». Il s’agit d’un coffre-fort numérique de données personnelles, permettant le partage d’informations entre tous les aidants, professionnels et familiaux, et proposant aussi des services de télévigilance afin d’aider l’entourage à détecter des situations qui se dégradent.

Cette solution a commencé à être déployée à grande échelle par le Département des Yvelines.

La connaissance fine et le partage des données de la personne aidée est un enjeu fort. Il s’agit de permettre la continuité des aides et des soins à domicile (c’est la fonction « carnet de liaison numérique » du système), et d’autre part d’anticiper et de prévenir les situations de vulnérabilité (c’est la fonction de vigilance). Les solutions que nous avons mises au point induisent par ailleurs un changement de paradigme important :  chaque personne aidée se réapproprie ses données et décide avec qui elle souhaite les partager.

La HumansBox est donc une solution disruptive : elle positionne la personne aidée au centre en lui « rendant » la propriété de ses données, à l’opposé de toutes les solutions « cloud » dont le modèle économique vise à monnayer par la suite les données dites de santé.

Comment les aidants familiaux sont-ils intégrés à ce processus ?

Nous considérons comme central le partage avec les aidants des informations relatives à l’état et au suivi effectif de la personne aidée à domicile. C’est là un enjeu d’autant plus important que, comme l’a montré une étude récente (Source Réseau 02), l’entourage familial proche d’une personne dépendante est en moyenne distant de plus de 200 km. Les familles sont de plus en plus éclatées. Mais les proches ont envie de pouvoir suivre, au quotidien, ce qui se passe pour leur proche et l’évolution du plan d’aide.

Domiserve, filiale de La Banque Postale, a acquis Hippocad au 1er avril 2021. Quelle est la complémentarité de l’offre Hippocad avec celle de Domiserve ?

Domiserve a développé une offre dédiée au secteur du service à la personne. Avec deux domaines d’activité principaux : l’émission de CESU social préfinancé et l’organisation des prestations de service à la personne.

La complémentarité de nos offres fait de nous un opérateur global permettant de couvrir l’ensemble des besoins des Départements financeurs : du mode « prestataire » à l’emploi direct. 1 Département sur 3 fait déjà appel à nos services.

La nouvelle entité fusionnée est, rappelons-le, un acteur public constitué de capitaux publics et s’adressant à des opérateurs publics pour la mise en oeuvre de leurs politiques sociales. Nous sommes donc un acteur de confiance, prenant en compte les besoins des donneurs d’ordre publics dans leur intégralité et apportant des solutions durables.

De ce point de vue, le nouvel ensemble constitué par Domiserve et Hippocad n’a pas de concurrent direct.

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(1) https://www.silvereco.fr/1-220-830-beneficiaires-de-lapa/3120391 

* Source : Enquête Réseau 02 Care Services sur la perception des seniors et des parents d’enfants âgés de moins de 11 ans des différents modes d’hébergement et d’accueil dans le contexte du Covid-19.