Etude

Énergie et inflation dans les collectivités locales : La Banque Postale vous éclaire

Faisant suite à une étude récente consacrée au poids des dépenses et des recettes énergétiques du monde local, la Direction des études de La Banque Postale livre ici une première analyse du dispositif de compensation voté par le Parlement pour atténuer les effets de l’inflation. Celle-ci concerne la hausse des prix de l’énergie, de l’alimentation et l’augmentation du point d’indice de la fonction publique dans les communes et leurs groupements.

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Une analyse de la direction des études sur les dépenses énergétiques

Les conditions de la reprise mondiale après la crise sanitaire, puis le contexte international depuis 2022, ne sont pas sans impact sur les finances des collectivités locales, qui avaient bénéficié en 2021 d’un fort rebond budgétaire aboutissant à un niveau d’autofinancement exceptionnel désormais fragilisé. À ce titre, un récent numéro d’Accès Territoires a été consacré au poids des dépenses et des recettes énergétiques du monde local. La formation des prix du gaz et de l’électricité en France y est également traitée, tout comme leur diffusion sur les coûts des entreprises de travaux publics, actrices clef de l’action publique locale. Enfin, quelques-unes des démarches territoriales en matière de transition énergétique sont présentées.

Il ressort en particulier de cette étude quelques éléments significatifs : un volume financier de l’ordre de 5 milliards d’euros, le poids relativement plus élevé de ce type de dépenses dans les communes que dans les autres catégories de collectivités locales, l’importance de la présence d’équipements publics significatifs (écoles, piscines et gymnases, bâtiments à caractère culturel), la réalité des démarches d’économie engagées en matière d’éclairage public, et naturellement la dépendance au contexte géographique et climatologique. Autant d’éléments qui rendent difficile de traiter toutes les collectivités de façon identique si l’on veut les aider à faire face aux conséquences budgétaires de la hausse des prix dans ce domaine. Accéder ci-dessous à un outil cartographique permettant de visualiser les données individuelles des communes sur leurs dépenses énergétiques.

Dépenses d’énergie des communes par strate de population

Graphique représentant les dépenses d'énergie des communes par strate de population

Moins de 500 habitants : 43€ de 500 à 2 000 habitants : 44€ De 2 000 à 3 500 habitants : 46€ De 3 500 à 10 000 habitants : 48€ De 10 000 à 30 000 habitants : 48€ De 30 000 à 100 000 habitants : 44€ Plus de 100 000 habitants : 38€

Source : balances comptables 2021 fournies par DGFiP

Répartition des dépenses d’énergie des collectivités locales par grandes fonctions

Graphique représentant la répartition des dépenses d'énergie des collectivités locales par grandes fonctions

Services généraux : 31% Transports : 1% Action économique : 2% Interventions sociales et santé : 3% Voirie : 4% Environnement : 7% Enseignement du 1er degré : 8% Enseignement du 2nd degré : 4% Autre enseignement : 3% Autre culture, sport jeunesse : 6% Culture : 5% Piscines : 4% Salle de sports : 4% Aménagement des territoires et habitat : 5% Eclairage public : 13%

Source : balances fonctionnelles et comptables 2019 fournies par DGFiP

L’étude fait également ressortir la réalité des recettes liées à l’énergie, dont le volume est estimé à 15 milliards d’euros pour les seules recettes fiscales. Bien supérieur à celui des dépenses, il a pour caractéristiques une déconnexion marquée entre les produits et les charges pour la plupart des collectivités (la concentration géographique de l’imposition forfaitaire sur les pylônes est particulièrement typique) et, assez fréquemment, une décorrélation entre les prix et les recettes (c’est notamment le cas de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques assise sur les volumes consommés).

Montant de la taxe pylône par communes

Carte représentant le montant de la taxe pylône par communes en euros par habitant
Source : balances comptables 2020 fournies par la DGFiP

Une compensation votée par le Parlement

C’est dans ce cadre que le Parlement a voté un dispositif de compensation pour atténuer les effets, dans les communes et leurs groupements, de la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation ainsi que de l’augmentation de la valeur du point d’indice de la fonction publique. Une première analyse de ce dispositif, fondée sur des hypothèses que l’on peut estimer maximales (augmentation des dépenses énergétiques et alimentaires en 2022 respectivement de l’ordre de 50 % et 20 %) débouche sur les résultats synthétiques suivants.

Le nombre de collectivités éligibles serait relativement concentré : un peu plus de 8 000 communes et environ 150 EPCI ; le total des compensations est estimé à 397 M€, proche du crédit ouvert en loi de finances rectificatif. Cette concentration résulte moins des exigences générales posées par le texte (taux d’épargne brute 2021 inférieur à 22 %, potentiel financier ou fiscal inférieur au double de la moyenne de la strate ou de la catégorie) que d’une volonté de ne porter l’effort qu’en cas de dégradation de l’autofinancement supérieure à 25 %.

Ce dernier point appelle d’ailleurs quelques observations : d’une part, le niveau de l’épargne brute 2021, année «post-covid », peut tenir à des circonstances particulières (encaissement des compensations Covid, par exemple) ; d’autre part, l’analyse de la dégradation en cas d’épargne brute négative est délicate ; enfin, il est possible que l’exercice 2022 n’enregistre pas la totalité des effets inflationnistes du fait du rythme de présentation de certaines factures énergétiques ; sans oublier le fait que les dépenses alimentaires peuvent être intégrées dans le coût des prestations de services des délégataires éventuels.

Autre constat, directement corrélé avec les observations de notre étude Accès Territoires : la tendance à la croissance des compensations en fonction de la taille démographique des communes, qui résulte à la fois du poids plus important des dépenses énergétiques comme de la masse salariale. On retrouve un peu le même phénomène, même s’il semble moins directement explicable, entre les communautés de communes à fiscalité additionnelle et celles à fiscalité professionnelle unique.

Tableau synthétique du montant estimé des compensations par catégories de groupements

Catégorie fiscale Nb EPCI éligibles Population Montant compensation Montant/hab.
Ensemble 156 4 620 385 27 330 866 5,92
CC FA 28 396 346 2 126 056 5,36
CC FPU 106 2 324 895 14 050 792 6,04
CA 21 1 696 015 8 782 026 5,18
CU et Métro. 1 203 129 2 371 992 11,68

Tableau synthétique du montant estimé des compensations par strates démographiques

Strate démographiqe Nb communes éligibles Population Montant compensation Montant/hab.
Ensemble 8 083 15 910 494 369 681 843 23,24
1 3 067 838 369 14 447 555 17,23
2 2 166 1 531 674 28 286 511 18,47
3 1 426 1 976 954 38 884 389 19,67
4 572 1 507 353 33 672 840 22,34
5 280 1 173 507 27 265 924 23,23
6 207 1 267 188 32 636 962 25,76
7 94 815 747 20 077 665 24,61
8 111 1 349 718 35 741 405 26,48
9 50 855 666 22 422 711 26,20
10 73 1 892 831 46 636 566 24,64
11 20 841 787 24 119 304 28,65
12 4 223 323 5 921 068 26,51
13 8 709 607 17 601 957 24,81
14 4 549 249 14 239 533 25,93
15 1 377 521 7 727 453 20,47

Source : calculs La Banque Postale à partir des balances comptables DGFIP et des fichiers DGF

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