Les fondements de cette dotation reposent aujourd’hui sur plusieurs strates historiques : la plus récente étant celle de la contribution au redressement des finances publiques, qui s’est traduite par une ponction de plus de 4,2 Mds € en niveau de 2014 à 2017 sur la dotation forfaitaire des communes ; mais on doit y rajouter des éléments désormais cristallisés tels que la dotation superficiaire et la dotation « parcs nationaux » institués en 2004, la compensation part salaires de l’ancienne taxe professionnelle pour les communes restées en fiscalité additionnelle, et l’ancien système de garantie assurant la liaison avec les montants antérieurs de DGF, eux-mêmes en partie liés aux ressources de l’ancienne taxe locale supprimée en 1967, sans oublier l’intégration de l’ancien « contingent d’aide sociale » assurant une participation financière des communes aux dépenses sociales des départements et dont le montant résultait en partie d’éléments observés au début des années cinquante…
C’est dire qu’en réalité, les montants individuels de dotation forfaitaire ne peuvent être appréciés qu’au regard de ces éléments successifs, et traduisent mal la réalité contemporaine de chaque commune. Les seuls éléments réellement « forfaitaires » semblent être aujourd’hui la prise en compte annuelles des variations de population, et celle des charges résultant de la présence importante de résidences secondaires. D’autres éléments objectifs de charges, comme l’existence de zones Natura 2000, la présence d’un parc national ou encore le caractère insulaire, sont en réalité pris en compte dans des dotations spécifiques qu’il n’est pas possible, faute d’informations, d’intégrer ici.
- Le supplément « résidences secondaires »
Institué par la loi de finances pour 2019, il bénéficie aux communes dont la population DGF, inférieure à 3 500 habitants, compte au moins 30 % de résidences secondaires, et dont le potentiel fiscal par habitant de l’année précédente est inférieur à la moyenne de la strate ; leur population est dans ce cas augmentée, pour le calcul de la composante démographique, d’un demi-habitant par résidence secondaire. Au total, chacune de celle-ci est donc comptabilisée pour 1,5 habitant, ce qui s’ajoute à la population légale de l’INSEE.
A ce titre, 72 communes qui avaient en 2019 bénéficié de ce supplément le perdent en 2020, alors que 84 nouvelles le gagnent. Les effets de seuil déjà évoqués sont évidemment particulièrement sensibles : soit que le pourcentage de résidences secondaires franchisse la limite des 30 % à la baisse (pour 43 communes) ou à la hausse (pour 34) ; soit que le potentiel fiscal par habitant relatif ait augmenté (pour 32 communes) ou diminué (pour 51). Et leur caractère inévitablement rigoureux a des impacts localement non négligeables : citons le cas de la commune de Surdoux qui perd à ce titre 580 €, soit 13,36 € par habitant, dans la seule mesure où sa population légale passant de 46 à 47 habitants, le pourcentage de ses 20 résidences secondaire dans le total est ramené de 30,30 % à 29,85 %... Ou encore celui de Château-Bernard, dont la population DGF passe de 500 à 499, provoquant un changement de strate démographique, une augmentation de son potentiel fiscal relatif, et une perte de 8 065 € sur sa dotation forfaitaire, soit 15,80 € par habitant.
Toutes les communes dont le potentiel fiscal par habitant (la population étant pondérée pour tenir compte de l’accroissement tendanciel des charges lié à la croissance démographique) est supérieur à 0,75 fois la moyenne nationale subissent sur leur dotation forfaitaire un prélèvement calculé en fonction de ce potentiel et de leur population, et limité à la fois à 1 % de leurs recettes réelles de fonctionnement et au montant de leur dotation avant prélèvement. C’est cet élément qui aboutit à une diminution pour plus des deux tiers des communes, même si bon nombre d’entre elles récupèrent par ailleurs au titre des dotations de péréquation une partie des montants prélevés, voire davantage.
Selon nos estimations, 20 286 communes métropolitaines subissent ainsi un prélèvement de 2,69 € en moyenne (avec des écarts considérables, Le Mont-Saint-Michel enregistrant l’écrêtement le plus important : 94,08 € par habitant), et 728 d’entre elles bénéficient du plafonnement précité. On notera que 4 675 des communes prélevées, soit près d’un quart, enregistrent en contrepartie une croissance de leurs dotations de péréquation supérieure au montant du prélèvement ; mais à l’inverse, sur les 14 059 communes non écrêtées, 3 408 voient diminuer lesdites dotations… ce qui semble montrer le caractère parfois paradoxal de l’ensemble.