Continuer son activité en période de crise : retour d'expérience de l'Ordre de Malte France

Passé d'une situation normale à une situation à l'arrêt puis à une situation d'activité intense, comment l'Ordre de Malte France a-t-il fait pour continuer son activité de solidarité ? Un retour d'expérience de Charles de Chabot, directeur général de l'association, qui permet de tirer quelques enseignements.

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Charles de Chabot, directeur général de l'association (© Maud Fée).

Exerçant au sein de l'Ordre depuis 10 ans, Charles de Chabot alors directeur général adjoint avait veillé à créer les fondamentaux d'une cellule de crise. Nommé directeur général le 16 mars 2020, le jour même de la mise en oeuvre du confinement général, il a pu activer cette cellule dès le 17 mars à 8h30. C'est d'ailleurs le premier enseignement qu'il partage "Toujours se préparer à traverser une crise et, pour cela monter les principes d'une cellule de crise et avoir identifié les femmes et les hommes compétents pour la rejoindre".

Son rôle premier ? La remontée des informations du terrain à l'aide et à la prise de décision par la gouvernance. Forte de ces remontées et des impératifs propres à chaque secteur d'activité - le médico-social ne pouvait être arrêté et des protocoles existaient, les activités internationale devaient êtres réduites -, la cellule a décidé, dans un premier temps, de stopper les activités de solidarité. "Il s'agissait de faire faire un état des lieux et un recensement des forces disponibles. Cette activité, à l'instar du secourisme, repose au sein de l'Ordre de Malte France sur des bénévoles".

 

Les maraudes sociales reprenaient dès le 19 mars à Paris : "Le premier retour fait par les maraudeurs a été : les gens de la rue ont faim. Beaucoup d'autres associations avaient dû arrêter leur activités, notamment parce que leurs bénévoles étaient principalement considérés comme un public fragile. Trouver des ressources pour assurer une seconde maraude par jour était essentiel". Il y a donc ce besoin auquel l'Ordre de Malte France entend "évidemment" répondre et, en face, "un afflux de précarité, de dons en nature et de bénévoles". Ces près de 400 nouveaux bénévoles, actifs en chômage technique ou étudiants, devaient être équipés eux aussi. "C'est bien l'achat d'équipements de protection individuelle qui a eu le plus gros impact financier : il y avait pénurie des équipements et donc explosion des prix. Mais l'arbitrage s'imposait : tenir notre engagement, suivre scrupuleusement les dépense et trouver les financements"

C'est bien l'achat d'équipements de protection individuelle qui a eu le plus gros impact financier.

Côté logistique, se posait la question de la gestion des dons en nature (palette de bouteilles d'eaux...) réalisés par les partenaires. "D'une situation normale avec une maraude par jour, nous sommes passés à une situation exceptionnelle de quatre maraudes par jour. Cela nécessite une gestion fine et à flux tendu". Une forte et constante réactivité, tel est le second enseignement de ce retour d'expérience. "Une question arrive ? il faut une réponse. Un problème se présente ? il faut la solution. Et pas deux jours plus tard".

Le troisième enseinement sera : garder sa capacité d'innovation. "Début avril, de nouveaux précaires sont arrivés et le précaire classique, celui qui est dans la rue, est devenu un grand précaire, du point de vue social et aussi de la santé". D'où la création de Soli’Malte qui acte l'évolution de la maraude en une approche tout-en-un. A la dimension sociale, s'ajoute une dimension alimentaire et sanitaire avec la présence d'un secouriste à bord.

"A ce stade, nous touchions au niveau national 2 065 personnes par semaine. Cette explosion des maraudes et leur évolution nous a donné une visibilité accrue dans les médias et donc un nouvel afflux de partenaires", poursuit Charles de Chabot. Et de conclure : "Nous avons la chance d'être une association solide, avec une trésorerie suffisante pour tenir dans une situation qui requérait anticipation, réactivité et innovation". 

 

A propos de l'Ordre de Malte France

Association reconnue d’utilité publique en 1928, l’Ordre de Malte France intervient dans plusieurs grands domaines d’activité : solidarité et secourisme, médico-social et sanitaire – en France et à l’international.

Le regard de La Banque Postale

Organisation, RH et communication en période de gestion de crise, le retour d’expérience de l’Ordre de Malte France sera sans doute éclairant pour bon nombre d’associations. Reste que toutes n’ont pas pu maintenir, diversifier ou développer leur activité lors du confinement. Loin s’en faut. D’où souvent des problèmes de financement.