Interview

CVE : une histoire et une vision pour comprendre le secteur des énergies renouvelables

Le financement de la transition écologique fait partie des expertises de La Banque Postale. Illustration avec l’accompagnement proposé à CVE, producteur indépendant d’énergies renouvelables (EnR) produites de façon décentralisée et commercialisées en circuits courts. L’entreprise a su grandir et s’internationaliser dans le respect de son ADN. Arnaud Réal del Sarte, co-associé et DG finances du groupe qui réalise 89 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, revient sur cette histoire et partage sa vision de l’avenir du secteur.

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Portrait de Arnaud Réal del Sarte

Notre stratégie implique de lever 300 millions d’euros de financement en 2024. Il nous faut trouver les bons partenaires. La proximité est un fondamental et guide nos choix : La Banque Postale est donc une évidence...

Arnaud Réal del Sarte — Co-associé et DG finances du groupe CVE

Créé en 2009 dans un secteur - l’énergie solaire - alors en pleine effervescence, Cap Vert Energie (devenue CVE en 2020) élargit dès 2014 son mix énergétique avec une activité biogaz et se lance à l’international dès l’année suivante. Un développement qui peut se narrer à travers le chiffre 3 :

  • 3 associés : Pierre de Froidefond, Hervé Lucas et Arnaud Réal del Sarte.
  • 3 énergies : le solaire, le biogaz et l’hydrogène.
  • 3 typologies de clients : entreprises, collectivités et agriculteurs.

Et une ambition : « produire de l’énergie renouvelable décentralisée, c’est-à-dire au plus proche des territoires, des consommateurs et des besoins, et commercialisée au travers de différents modèles de vente directe » décrit Arnaud Réal del Sarte, associé et DG finances de CVE.

Croître sans perdre son ADN

Le portefeuille sécurisé de CVE(1) est de 2,9 GW(2) en 2023, soit plus qu’un doublement en un an pour cet indicateur clé de la performance commerciale des EnR. Pour y parvenir et après avoir diversifié sa production d’énergie en France, l’entreprise s’est tournée vers l’étranger dès 2015. « Nos choix d’implantation se sont faits au regard de nos convictions, notamment la décentralisation, et de la maîtrise de risques : taux de change et stabilité politique. Le Chili, pays de nos débuts, était bien aligné avec notre vision des EnR. Notre implantation aux Etats-Unis aussi : outre de très grosses centrales, on y trouve des projets en community solar, qui agrègent une communauté de particuliers et/ou de petites entreprises qui ne peuvent ou ne veulent pas installer de panneaux solaires sur leurs toits. Le solaire communautaire leur permet d’accéder aux bénéfices de l’énergie solaire produite localement sans investir dans une centrale. Puis en 2016, l’Afrique du Sud et en 2023, l’Espagne, un pays précurseur en matière de vente directe ». Fin 2023, l’international représentait un tiers du chiffre d’affaires du groupe.

À la fois multi-énergies et multi-pays, CVE a su conserver son ADN qui favorise un projet entrepreneurial porté par l’engagement, l’épanouissement de ses équipes et la recherche d’excellence : « En quatre ans, nous sommes passés de 160 salariés à plus de 400 ! En 2021, nous avons travaillé collectivement avec près de 40 collaborateurs volontaires pour réfléchir à notre organisation et mettre en place une gouvernance qui nous permet de garder notre agilité et nos valeurs malgré la croissance de nos équipes. Cette réflexion a conduit à formaliser notre raison d’être qui traduit notre vision des EnR et constitue notre boussole : « Mettre l’humain et la planète au cœur de l’énergie de demain » ». Depuis, CVE a franchi une nouvelle étape en devenant en 2022 entreprise à mission.

Dans un secteur dominé par les mécanismes de subventions, la vente directe est le pivot de la stratégie de CVE

« Depuis la création, vendre directement notre énergie aux entreprises et aux collectivités est le pivot de notre stratégie. Précurseurs en la matière, nous accélérons sur ce segment ; à date, les contrats en vente directe représentent 14% de nos revenus.  D’ici cinq ans, 30 % de notre chiffre d’affaires sera généré par la vente directe ».

Dans un secteur où les mécanismes de subventions dominent toujours, l’accompagnement des partenaires dans la mise en place de financements novateurs est donc essentiel pour déployer la vision du groupe. « Ainsi, en 2022, La Banque Postale nous a accompagné pour le refinancement de 34 millions d’euros d’actifs solaires sur un terme plus court, du fait du passage du contrat en vente directe ». Un soutien qui illustre la relation historique entre la banque et CVE, mais aussi « la convergence des valeurs » et « l’intuitu personae fort avec l’équipe en charge du financement des EnR. Nous avons un prêt qui s’ajuste au contrat signé avec notre client acteur privé ». Une cohérence que le DG Finance de CVE explique par « l’hyper compétence de La Banque Postale sur ce type de financement qui exige une ingénierie financière pointue ».

Le secteur de l’énergie propre en France à 10 ans 

« Comme le souligne RTE dans son bilan prévisionnel 2023-2035(3), la croissance de l’énergie décarbonée devrait reposer sur le renouvelable, avance Arnaud Réal del Sarte, et si une part de l’électricité propre proviendra du photovoltaïque, tous les usages ne vont pas pouvoir être électrifiés. Les réseaux de chaleur par exemple continueront à avoir besoin de gaz. Dans le cadre de la révision de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le gouvernement s’est montré favorable à un doublement de l’objectif de production de biogaz à 2030 soit une part projetée du biogaz en 2030 en France à 42 TW/h(4), contre 10 actuellement ».

Et le DG Finance de CVE d’ajouter : « Pour ancrer notre business plan, une visibilité à long terme et le soutien des pouvoirs publics sont essentiels. L’un de nos prochains chantiers est d’analyser le stockage en France. Cela dégagera une rentabilité plus forte des projets car la batterie permet de réinjecter de l’énergie dans le réseau, même quand le panneau ne produit pas ». Autre axe de développement, la production d’hydrogène vert, lancée en 2023, autour de deux usages : l’industrie et la mobilité.

« Notre stratégie implique de lever 300 millions d’euros de financement en 2024. Il nous faut trouver les bons partenaires. La proximité est un fondamental et guide nos choix : La Banque Postale est donc une évidence, comme le financement participatif via Lendopolis. Cette proximité, nous souhaitons aussi continuer à la cultiver au sein du groupe, avec nos collaborateurs ». Un vrai et beau défi lorsqu’on sait que CVE prévoit un effectif de 750 personnes en 2028 !

Zoom sur le label B Corp

CVE est labellisé B-Corp (Benefit Corporation) avec la note de 97,5 sur un minimum de 80 points pour être certifié. Ce label, né aux Etats-Unis en 2006, vise à promouvoir les entreprises à but lucratif faisant état d’une grande performance environnementale et sociale, sur cinq grands thèmes : la gouvernance, les collaborateurs, la collectivité, l’environnement et les clients.

CVE est un acteur historique des énergies renouvelables en France et également un client historique de La Banque Postale. Change our Vision of Energy (CVE) est un slogan que nous partageons au sein de La Banque Postale, elle même entreprise à mission. Cette vision du secteur de l’énergie nous permet ainsi depuis de nombreuses années d’accompagner CVE dans son développement de projets d’énergies renouvelables (solaire notamment).

Yannick Chaffaud — Responsable Financements Energies renouvelables à La Banque Postale

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