Métiers en tension : pourquoi ça coince et quelles sont les solutions ?

Quelles solutions pour s’en sortir ? Définir correctement le poste à pourvoir et le profil du candidat est généralement la première étape d’une offre d’emploi efficace. Cette dernière ne doit toutefois pas se limiter à la description du poste. Elle doit devenir attractive en donnant un aperçu de la société, pour susciter la curiosité des candidats et leur permettre de se projeter dans l’entreprise, sur le poste de travail et au sein de l’équipe déjà en place.

Il faut par ailleurs utiliser les bons canaux de communication, les réseaux sociaux, mais aussi les plateformes de recrutement, pour atteindre sa cible.

Dans les secteurs en tension, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui a publié en janvier 2022 une série de préconisations, propose de réfléchir à des accords de branche pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité et notamment dans les TPE. Lesquels pourraient garantir à chaque collaborateur un salaire au moins égal au SMIC (un accord sur la hausse des salaires dans l’hôtellerie et la restauration ayant été trouvé début 2022) mais aussi une réduction des horaires de travail, une limitation des contrats courts et des temps partiels imposés, des aides proposées aux salariés pour faire garder leurs enfants. Ces accords peuvent également prévoir des avantages collectifs attrayants tels que des chèques déjeuner, mobilité, ou logement.

L’apprentissage fait également l’objet d’une attention renouvelée : le ministère du Travail a récemment mis en œuvre de nombreuses réformes et incitations financières pour attirer de plus en plus de jeunes candidats. C’est aussi ce que pense l’APCMA. « La reprise de l’activité entraîne aussi de nouvelles difficultés. Ainsi, de nombreux métiers (couvreurs, maçons, bouchers, etc..) sont en tension. Pour faire face au manque de main-d’oeuvre et ne pas mettre un coup de frein à la relance, l’apprentissage est aujourd’hui un pilier de la relance : une réelle opportunité professionnelle et une assurance contre le chômage des jeunes », explique‑t‑on du côté de l’assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat.

Pour proposer des parcours sur mesure aux apprentis mais aussi plus en phase avec les rythmes de travail des entreprises, les chambres de métiers et de l’artisanat et les CFA poursuivent le développement de la digitalisation de leurs formations. 

Autre piste : celle de faire évoluer les méthodes de recrutement des dirigeants. Le Conseil d’Analyse Economique (CAE), une instance de réflexion composée d’économistes professionnels reconnus, conseille ainsi de développer les services d’aides au recrutement à destination des entreprises. « Soutenir les petites entreprises dans leur démarche de recrutement apparaît plus pertinent pour atténuer les difficultés d’embauches. Celles-ci font face à des problèmes d’information sur les compétences des candidats et sur leur adéquation aux postes proposés », explique le CAE dans une note publiée le 14 mars 2022. Pour lever ce frein à l’embauche, le service public de l’emploi pourrait organiser un marché de l’accompagnement des entreprises mettant en concurrence plusieurs prestataires et où les entreprises choisiraient sur la base de critères rendus publics et leurs propres besoins. Un meilleur accompagnement permettrait par ailleurs aux dirigeants de s’ouvrir à d’autres profils, différents des précédents, et de ne pas recruter que des « clônes ». L’un des meilleurs moyens de contourner une pénurie de candidats est d’élargir ses horizons. Oser les profils différents, prêts à apprendre de nouvelles choses, même ceux qui sont en dehors de son secteur d’activité, donner moins d’importance aux expériences professionnelles et aux diplômes qu’aux compétences elles‑mêmes doivent constituer de nouveaux défis en termes de recrutement.