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Professionnels et TPE : quels leviers actionner pour se relancer ?

Après plus d’une année d’une activité chahutée, il faut penser à la relance. Max Peuvrier, expert-comptable, dirigeant du groupe ACE Conseils, fait le tour des actions en termes de financement et de gestion, parfois méconnues des dirigeants de petites structures.

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Portrait de Max Peuvrier

L’Etat s’est engagé dans des remboursement accélérés pour la TVA, l’IS, le CIR.

Max Peuvrier — Expert-comptable, dirigeant du groupe ACE Conseils

Les dispositifs nationaux, comme le Prêt garanti pour l’Etat (PGE) ou les fonds de solidarité, visaient à tenir face à la crise. L’heure est venue de construire la reprise. Des mécanismes existent qui s’adressent aux professionnels et TPE. Ils ont (souvent) deux points communs : une gestion par les régions et aucune garantie exigée, ni sur les actifs de l’entreprise ni sur ceux du dirigeant.

  • Le prêt Rebond. Son objectif : renforcer la trésorerie et le besoin en fonds de roulement (BFR). « Le dossier de demande se fait en 100% digital jusqu’à 50 000 euros, ce qui en accélère l’obtention » se félicite Max Peuvrier. Consenti pour 7 ans, avec un taux zéro et un amortissement qui peut être différé de deux ans, « ce prêt améliore réellement la trésorerie des entreprises ». Cas d’usage possible : les petites entreprises qui ont obtenu un PGE et qui vont demander une année supplémentaire pour rembourser. « Elles vont alors devoir rembourser sur quatre ans jusqu’à un tiers de leur chiffre d’affaires d’une période normale. Il leur faudra une rentabilité suffisante et le prêt Rebond peut y aider ». « Certes, les premières enveloppes ont vite été épuisées, mais les régions les ont  rechargées : la région Ile de France par trois fois, la région Auvergne Rhône Alpes par deux fois ».
  • Le Prêt résilience, réservé aux entreprises qui n’ont pas pu accéder au PGE ni aux prêts Rebond, est encore actif dans certaines régions, dont les Pays de Loire, où le fonds est ouvert jusqu’au 30 septembre 2021. Ouvert aux entreprises de moins de 10 salariés, ce fonds permet une avance remboursable variant selon le chiffre de l’entreprise.
  • Les prêts participatifs exceptionnels, disponibles jusqu’au 30 juin 2021. Ce sont des investissements en quasi-fonds propres, qui peuvent aller jusqu’à 20 000 euros pour les entreprises de 0 à 10 salariés. Géré par les comités départementaux d'examen des problèmes de financement des entreprises (CODEFI), « ces prêts participatifs, qui s’adressent aux sociétés en difficulté qui n’ont pas pu obtenir de PGE, précise l’expert-comptable, ont une conséquence positive : l’amélioration des ratios bancaires ».
  • Le prêt croissance TPE, « permet de reconstituer la capacité d’investissement d’une entreprise dans le cadre d’une stratégie de transformation » pointe Max Peuvrier. Les dépenses éligibles relèvent de trois catégories :  investissements immatériels, investissements corporels ayant une faible valeur de gage et augmentation du BFR lié au projet de développement. Ainsi, « ce dispositif a du sens pour le secteur de la restauration, parfois confronté à un manque de personnel, et qui a besoin de recruter mais aussi de former les nouveaux venus ». Ce prêt « doit obligatoirement être couplé avec un autre financement », alerte Max Peuvrier qui conseille de « construire un alliage apport personnel + prêt bancaire + prêt croissance ». 

Avoir une approche poste par poste du bilan comptable

Pour se relancer, une approche en termes de gestion du bilan comptable est nécessaire. Ainsi, le prêt croissance TPE est « très intéressant d’un point de vue comptable puisque ces investissements relèvent des immobilisations, un poste mis à mal durant la crise sanitaire. ».

Dans cette logique d’analyse de l’actif par poste, « certaines structures peuvent solliciter une compensation de la perte de valeurs de leurs stocks ». Le décret du 14 mai 2021 vise les commerces qui n’ont pu écouler leurs produits en raison de leur nature saisonnière. Pour y être éligibles, il faut avoir bénéficié du fonds de solidarité pour les pertes du mois de novembre 2020, ce qui suppose que seules les structures de moins de 50 salariés sont éligibles (lire aussi notre article sur l’excédent de stocks).

Autre poste à l’actif du bilan comptable, les comptes clients : « un dispositif permet de faire financer par des sociétés d’affacturage, non pas les factures mais bien les bons de commande. Une condition toutefois, que ces commandes relèvent du long terme, ce qui est le cas pour les entreprises du bâtiment et de l’industrie », indique l’expert-comptable.

Enfin, dernier poste à gérer : les créances sur l’Etat : « L’Etat s’est engagé dans des remboursement accélérés pour la TVA, l’IS, le CIR. J’ai déposé pour un client le dossier de CIR et la liasse fiscale fin février. Le remboursement est intervenu en mars. Le délai est d’environ un mois, contre trois à quatre mois précédemment. Cette accélération concerne aussi le report de déficit sur l’IS pour les sociétés qui n’ont pu générer de bénéfices en 2020, par exemple dans le secteur de l’évènementiel ».

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