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L’impact du Covid-19 sur le commerce : comment relancer au mieux ?

Confinement puis déconfinement progressif, le tout dans des règles sanitaires strictes pour une durée indéterminée : le Covid-19 a lourdement impacté les commerçants, indépendants ou non. Le 11 mai est le début d’une bataille de longue haleine, où les munitions se nomment : travail dominical, horaires d’ouverture étendues, variabilisation des charges…

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Fin mars et début avril, 91% des commerces non alimentaires du territoire français étaient fermés, conséquence des mesures d’urgences sanitaires adoptées par le Gouvernement. Le 11 mai, le déconfinement progressif débutait avec notamment la réouverture des commerces non alimentaires, dans des conditions d’exploitation très strictes. Ce confinement de deux mois puis cette période contraignante et à durée indéterminée ont particulièrement influé sur le commerce, puisque, dès le début avril 2020, 21% des commerces non alimentaires envisageaient une fermeture définitive (source : enquête du Conseil du commerce de France CDCF.

Or, ce secteur a une importance économique majeure : fin 2019, le commerce comptait près de 3, 5 millions de salariés, soit 19% des emplois salariés français (source Insee, trim. 4/2019). Si l’on ajoute à ces commerces au sens strict, les établissements du type hébergement & restauration ou bien encore les boutiques proposant des services aux ménages, ce secteur regroupe plus de 30 % des emplois.

Ces chiffres en tête, il semble logique de dire, plagiant ainsi une formule célèbre : « si le commerce ne va pas, rien ne va ». Dès lors il faut recenser les moyens mis en œuvre ou à prévoir pour relancer ce secteur essentiel à bien des égards.

Tenir jusqu’au 11 mai : l’exemple de la franchise

Il convient de saluer l’une des mesures phares proposées aux entreprises par le gouvernement et qui a aidé bon nombre de commerçants à traverser les deux mois du confinement, le Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Ainsi, 74% des franchisés ont sollicité le PGE et seulement 7% se sont vu opposer un refus. Ce faisant, 81,5% des franchisés se disaient prêts à rouvrir dès le 11 mai ; ceux qui ne l’envisageaient pas relevant vraisemblablement des bars et restaurants (enquête réalisée fin avril – début mai, Fédération française de la Franchise). 

Ces statistiques, spécifiques à la franchise, éclairent assez bien celles du commerce en son entier (indépendants, chaines et franchises). Mais comment faire pour relancer l’activité ? 

Chute du chiffre d’affaires vs coûts fixes identiques

Si la parution des guides de bonnes pratiques pour la sécurité sanitaire sur le site du ministère du Travail, établis en concertation avec les fédérations sectorielles, devrait garantir « une reprise apaisée, selon Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise (FFF), puisqu’une telle parution entraine une responsabilité de moyens et non de résultat pour l’employeur », cette reprise n’est toutefois pas facile. « Pragmatiques ces guides le sont et les investissements requis sont dans la plupart des cas raisonnables. Le vrai problème est plus l’impact de ces règles sur le chiffre d’affaires » poursuit la déléguée générale de la FFF. 

« La limitation du nombre maximum de personnes pouvant accéder à une surface de vente pendant une amplitude horaire fixe, aura inévitablement pour conséquence de réduire le chiffre d’affaires des commerces. Cela ne pourra pas être compensé même par les plus ambitieuses hypothèses d’augmentation du panier moyen » alerte Véronique Discours-Buhot. Dans le même temps, les coûts fixes, eux, resteront inchangés.

Des aménagements réglementaires pour retrouver un rythme de croisière

Dès lors pour la déléguée générale de la FFF, il est impératif d’envisager de revisiter certaines règles afin de sauver le commerce et donc l’emploi de ce secteur. Et de citer, entre autres : « l’adaptation de l’amplitude des horaires d’ouverture des commerces, l’assouplissement des règles du travail pour permettre plus de travail dominical et le travail en soirée et aussi une réflexion sur la variabilisation des charges pour coller à la réalité des chiffres d’affaires ». Des changements qui devront être reconduits « tout le temps nécessaire à un retour non pas à la normale, mais à un rythme de croisière ». 

Si dans certains secteurs les commerçants peuvent espérer une reprise acceptable sous 6 à 9 mois, pour d’autres comme les bars, les restaurants ou bien encore le tourisme, qui n’ont pas encore de date de réouverture ou pour le textile et la chaussure qui souffraient déjà avant la crise du Covid-19, l’estimation du temps de retour à la normale s’avère plus difficile à prévoir.

L’exemple des marketplaces

Véronique Discours-Buhot souligne que le secteur de la franchise a des atouts pour aborder la reprise. Fondée sur le transfert de savoir-faire et partage de valeur entre le franchiseur et les franchisés où chacun a intérêt à la survie de l’autre, la franchise a révélé dans cette crise « beaucoup d’exemples de solidarité, entre la tête de réseau et ses franchisés et entre les franchisés d’un même réseau ». De plus, dans le fonctionnement de la franchise, il est de règle que le franchiseur réactualise régulièrement son concept et « cet effort d’innovation pour coller aux nouvelles exigences du marché sera crucial ».

Agilité, solidarité et créativité sont des éléments qui peuvent servir à tous les commerces pour amorcer une reprise dynamique et pérenne. Pour illustrer sa conviction, la déléguée générale de la FFF salue certaines initiatives récentes permettant aux commerçants de créer de la valeur additionnelle ou des services complémentaires « comme les marketplaces. Bien souvent initiées par les villes, ce système permet aux commerçants de déposer les commandes de leurs clients qui pourront retirer l’ensemble de leurs emplettes effectuées auprès de plusieurs commerçants sur un lieu unique ». Cette piste de collecte groupée apparait donc comme un axe de développement particulièrement pertinent en cette période de limitation des accès aux surfaces de vente.

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