Financer la transition écologique au cœur des territoires

Entreprise à mission, La Banque Postale entend contribuer à la transition juste de l’économie en profitant de son ancrage local.

L a Banque Postale célèbre cette année ses 16 ans et a joué un rôle clé dans la transformation des territoires et l’accompagnement dans le développement des entreprises depuis une dizaine d’années. Ce rôle, elle l’a réaffirmé dans son plan stratégique 2030. Née avec une mission d’accessibilité bancaire, elle n’a cessé de se transformer jusqu’à aujourd’hui. La dimension sociale de sa stratégie fait écho à ce que l’on nomme la transition juste, c’est-à-dire le fait que la nécessaire transition énergétique et écologique (TEE) ne peut se faire que si c’est socialement accepté et porteur. Adrienne Horel-Pagès est depuis mars 2021 la directrice de l’Engagement Citoyen. Son rôle : accompagner la transition énergétique et écologique de la banque mais également celle des acteurs économiques partout en France.

La Banque Postale est devenue une entreprise à mission en mars 2022. Quelles sont les conséquences concrètes de ce changement ?

Dans le sillage de La Poste, qui l’est elle même devenue en 2021, cette qualité prévue dans la loi Pacte nous engage. Notre raison d’être, en tant que banquier et assureur engagés, est d’agir pour une transition juste de la société. C’est-à-dire d’accompagner la transition écologique et environnementale tout en faisant attention à en mesurer les impacts sociaux. Nous avons désormais inscrit des objectifs précis dans nos statuts, visant à transformer notre modèle par la culture de l’impact, à faire progresser les standards et pratiques réglementaires de notre secteur et à développer une offre de produits et de services qui fournissent à tous nos clients des réponses très concrètes aux enjeux environnementaux, sociaux et territoriaux. Le suivi et l’évaluation de notre action sont assurés par un comité de mission, que nous avons voulu le plus ouvert possible sur l’extérieur, en y intégrant notamment des dirigeants d’entreprise conscients des contraintes que peuvent représenter de tels engagements citoyens, mais aussi des chercheurs, des économistes, des ONG, des acteurs de l’innovation sociale et écologique. Il est présidé par Natacha Valla, la doyenne de l’École du management et de l’innovation de Sciences Po Paris. Notre mission sera en plus auditée par un organisme indépendant, pour vérifier avec un regard objectif que nous sommes bien sur la bonne voie.

En quoi consiste le rôle d’une direction de l’engagement citoyen ?

D’abord à établir et mettre en œuvre la stratégie de transition juste de La Banque Postale. À impulser le développement d’une offre de produits que nous définissons comme « citoyens » qui répondent à ces cadres externes reconnus, comme le label ISR (Investissement Socialement Responsable) ou la réglementation européenne sur la taxonomie. À s’assurer ensuite que tous les collaborateurs soient impliqués dans cette transformation. Enfin à porter les engagements de La Banque Postale auprès de toutes nos parties prenantes pour contribuer le plus activement possible à l’engagement collectif.

Comment sensibilisez-vous les acteurs économiques des territoires aux enjeux de la transition énergétique et écologique ?

Il faut souligner qu’il est souvent plus difficile pour des PME que de grands groupes de s’emparer de ces sujets. Parce qu’elles ont moins de moyens à y consacrer, mais aussi parce qu’elles collectent moins de données et donc mesurent difficilement leurs marges de progression. Mais leur transformation est également plus simple à opérer, car leur activité est plus concentrée. À partir du moment où vous les accompagnez et leur faites prendre conscience de l’importance de l’enjeu, tout peut aller très vite. C’est pourquoi nous avons en tant que banquier un rôle de conseil essentiel. Nous voulons être le partenaire privilégié de toutes ces entreprises pour bien comprendre l’enjeu pour leur modèle économique, et les voies concrètes à emprunter pour leur permettre d’y répondre.

Quels sont les outils que vous proposez aux entreprises ?

À chaque situation correspond une offre. Pour nous, il est indispensable de bien travailler avec nos clients, de comprendre leurs besoins pour leur proposer les outils les plus adaptés. Car la panoplie est large : elle commence avec les prêts verts et va jusqu’à l’Investissement Socialement Responsable (ISR), en passant par les obligations vertes et les crédits à impact. Afin de financer la transition écologique au cœur des territoires, nous avons mis au point un prêt vert, susceptible de soutenir des projets liés aux énergies renouvelables ou aux technologies de fabrication bas carbone. Un autre outil par exemple est celui du crédit à impact. Il finance des investissements de toutes natures, mais son taux varie en fonction de l’atteinte de trois objectifs extra-financiers à déterminer, dont au moins un indicateur environnemental. Parce que ce n’est pas toujours simple à mesurer, nous proposons aux entreprises concernées de les aider à réaliser leur bilan carbone grâce au partenariat que nous avons conclu avec Carbo, une start-up dont c’est le métier et qui a été incubée chez nous. Enfin, nous finançons également les producteurs d’énergies renouvelables.

Quel est votre objectif en matière d’émissions carbone ?

Notre empreinte directe, 50 000 tonnes de CO2 par an, est compensée. Mais nos émissions indirectes, c’est-à-dire celles générées par les entreprises que nous finançons, sont beaucoup plus importantes. Or nous nous sommes engagés à atteindre la neutralité carbone en 2040. Pour y parvenir, nous avons défini une trajectoire de décarbonation qui a été reconnue en 2021 alignée avec l’objectif de réchauffement limité à 1,5°C par la Science Based Targets Initiative, qui fait référence en la matière. Nous sommes seulement quatre institutions financières au monde à avoir obtenu cette certification. Pour y parvenir, nous avons pris d’autres engagements pionniers, notamment sur la sortie complète des énergies fossiles en 2030, pétrole et gaz conventionnels compris. C’est un mouvement nécessaire, et qui je l’espère montrera la voie à bien d’autres acteurs. Ces avancées, les observateurs les saluent pour leur sérieux : les ONG, mais aussi les agences de notation extra-financière. En 2021, Moody’s ESG Solutions (ex Vigeo Eiris) et ISS-ESG nous ont classé 1ère banque mondiale du secteur bancaire pour notre performance RSE.

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